Une fois de plus, j'ai eu beaucoup de plaisir à couvrir tous les sujets qui ont été abordés sur le blog au long de cette année 2015. ...

Retour sur 2015 : cinq dossiers à re-découvrir


Une fois de plus, j'ai eu beaucoup de plaisir à couvrir tous les sujets qui ont été abordés sur le blog au long de cette année 2015. Mais voici cinq dossiers qui me sont particulièrement chers tellement le contenu était passionnant à enquêter. Cliquez sur les titres ou les images pour découvrir les articles associés !

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Le moment est venu de terminer l'année par deux articles qui reviennent sur quelques-un des dossiers publiés par Invisible Bordeaux a...

Retour sur 2015 : les cinq articles les plus lus de l'année


Le moment est venu de terminer l'année par deux articles qui reviennent sur quelques-un des dossiers publiés par Invisible Bordeaux au cours des douze derniers mois. Cette première compilation regroupe les cinq articles les plus lus de l'année. Cliquez sur les titres ou les images pour lire les dossiers complets !


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Lors de la conférence que j’ai eu le plaisir d’animer il y a quelques mois au Musée d’Aquitaine, j’ai évoqué l’histoire du pépiniériste ...

Retour au domaine Catros, l'arboretum qui a toujours su se relever


Lors de la conférence que j’ai eu le plaisir d’animer il y a quelques mois au Musée d’Aquitaine, j’ai évoqué l’histoire du pépiniériste Toussaint-Yves Catros, dont l’œuvre demeure bien présente aujourd’hui. Un dossier complet lui a été consacré par le passé sur le blog mais, pour résumer, rappelons qu’on lui doit la plantation des pins qui consolident les sables de la côte Atlantique, la culture de l’artichaut de Macau, ou encore la création de la société Catros-Gérand, qui depuis son siège à Carbon-Blanc est encore spécialisée dans la production et la distribution de semences.

Présent lors de la conférence, l’excellent Yves Baillot d’Estivaux (chercheur incontournable sur l’histoire de l’automobile à Bordeaux) m’a mis en relation avec Mesdames Elisabeth Desplats et Edith Moreau, deux sœurs qui sont descendantes de Catros (leur arbre généalogique remonte jusqu’à Anne-Jeanne, la sœur de Toussaint-Yves qui, lui, est resté célibataire toute sa vie). Elles m’ont accueilli à Carbon-Blanc et m’ont invité à découvrir de nombreux documents d’archives. Objectif : reconstruire ensemble l’histoire de l’arboretum installé par Catros au Haillan.

Remontons donc à 1797. Suite à la révolution française, cet ancien directeur des pépinières royales de Guyenne doit obligatoirement changer de cap ! Il crée son propre établissement vers la place Saint-Martial à Bordeaux et acquiert au Haillan un terrain marécageux de 106 hectares, le domaine de Nouville, pour en faire un arboretum. Il conçoit un réseau de canaux d’irrigation et implante ses cultures dans la partie centrale sur un espace de 15 à 20 hectares. Grâce à ses relations avec diverses sociétés savantes étrangères, il obtient de nombreux végétaux rares qu’il acclimate avec succès.
La zone au sud du Haillan où se situe l'arboretum. Sur la base de ses recherches, Xavier Daurel (que nous rencontrerons plus bas) a localisé les différentes zones implantées par Catros. J'ai tenté ici de reproduire ses travaux en les couplant à la vue satellite de Google Earth. À noter, on trouve encore aujourd'hui des bambous dans la zone des "traçants".
En l’espace de quelques années le terrain est transformé. À la place de ronces et de bruyères on y cultive désormais des arbres de la Virginie, du Canada, de la Caroline, différents types de magnolia, hortensia, rhododendrons, pins, sapins… L’endroit devient un véritable jardin d’Éden, ce que confirme J.-F. Laterrade, professeur d’histoire naturelle, dans son récit suite à une visite effectuée en 1818 (publié dans le Bulletin polymathique du Museum d’instruction publique de Bordeaux).

Il évoque notamment « le pistachier lentisque ou la clématite flammule qui mêlait son parfum à celui de tant d’autres espèces exotiques, tandis que les fleurs et les boutons des superbes espèces du genre magnolia s’épanouissaient au-dessus de nos têtes ; nous aurions cru aux forêts enchantées, ou du moins nous aurions pensé être dans un autre hémisphère, si le concert agréable des oiseaux du pays n’eût détruit en quelque sorte l’illusion tout en l’embellissant ». L’exotique ne s’arrête pas là : « En passant sur un petit pont chinois, nous entrâmes dans une pièce de terre consacrée à l’éducation des abeilles. Nous ne pouvions nous lasser d’admirer tant de beautés réunies, tant de sites variés, tant d’espèces différentes sur un même point, et de si belles cultures sur un sol naguère ingrat. »

L'arboretum aujourd'hui (code couleur : automne), dont un magnifique pin Douglas (Pseudotsuga menziesii).
Introduits en Europe au début du 19e siècle, les bambous poussent toujours au même endroit qu'à l'époque de Catros.
Catros meurt en 1836 et c’est son neveu Charles qui hérite de la propriété. Ce dernier décède en 1844 au Chili où il avait entrepris le commerce des arbres cultivés au Haillan. Sa veuve vend alors le domaine à un certain Dr Levieux. En 1865, ses héritiers abattent et vendent le bois des plus beaux sujets pour ne conserver que ceux qui n’avaient aucune valeur commerciale. Le domaine, alors dévasté, est racheté en 1872 par un M. Jaille, grand amateur d’arbres et membre de la Société Dendrologique de France. Il cherche non seulement à restaurer et conserver les restes de l’œuvre de Catros, mais à la compléter par l’introduction d’espèces nouvelles. Dans une serre, M. Jaille cultive des espèces délicates et abrite provisoirement les plants qui le nécessitent.

En 1910 la boucle est bouclée, comme le témoigne un rapport rédigé par H. Bacon de Lavergne et R. Hicket relayé dans le Bulletin de la Société de Dendrologie, détaillant les noms des espèces qui existent encore et démontrant l’intérêt dendrologique qu’avait alors le domaine. Mais le domaine, qui continuera à changer régulièrement de mains, va de nouveau souffrir pendant la 2e Guerre Mondiale, où plusieurs coupes sont réalisées avant que les bombardements alliés de juin 1944 (contre les Allemands qui occupaient alors l’aéroport) ne fassent une croix quasi-définitive sur les arbres. Cette fois-ci, l’arboretum ne se relèvera que très péniblement.

Le grillage du site Herakles.
En 1963, la propriété devient un terrain industriel acquis par Sud Aviation (qui sera ensuite transféré au groupe Thomson-CSF, dont les activités au Haillan se feraient plus tard sous le nom Sextant puis Thales Avionics) et par la Société d'Etudes de la Propulsion par Réaction (SEPR, aujourd’hui intégrée dans ArianeGroup). L’entretien des terres est géré par M. Dubrana, un forestier averti, qui raconte qu’étant monté sur une souche d’arbre, à vue d’œil la végétation ne dépassait pas la hauteur de sa poitrine. Pourtant, en l’espace de quelques années, les frondaisons couvrent à nouveau le domaine. En collaboration avec le service des Eaux et des Forêts du Jardin Botanique de Bordeaux, un recensement est fait des espèces les plus rares et des mesures de sauvegarde (fossés, piste, sentiers, étiquetage, etc.) sont mises en place. Dans les années qui suivent, les industriels évitent de construire des bâtiments dans la zone de l’arboretum.

Elisabeth Desplats et Edith Moreau.
Un nouveau chapitre concernant la sauvegarde de l’arboretum prend forme dans les années 1980, à l’initiative de feu Xavier Daurel, descendant de Catros (et le père d’Elisabeth et d'Edith) et alors directeur des établissements Catros-Gérand ainsi que président de la Société d’Horticulture de la Gironde. Il noue des liens avec la municipalité du Haillan ainsi qu’avec les représentants des acteurs industriels qui sont tous deux sensibilisés à la sauvegarde du domaine. Résultat : une convention d’une durée de trois ans reconductible signée entre SEP, la Société d’horticulture de la Gironde et la mairie du Haillan fixant les charges et règles de gestion, d’entretien et de visites (sous certaines conditions) de l’arboretum. Cette convention ne sera pas visée par Thomson-CSF mais la prise de conscience est bien réelle ; l’arboretum sera durablement protégé.

Et c’est encore le cas aujourd’hui. La richesse des espèces présentes est certes à relativiser car lors des nombreuses « renaissances » du domaine, seules les espèces les plus vigoureuses ont survécu, à savoir tout ce qui a pu rejeter ou se ressemer naturellement. Néanmoins, des recensements effectués ces dernières années ont permis d’identifier une quarantaine d’espèces remarquables côté Herakles et une trentaine côté Thales (où l’arboretum a été aménagé en parcours de santé utilisé par les collaborateurs sportifs de l’établissement).

Au cœur de l'arboretum sur le site de Thales :
ci-dessus, une halte sur le parcours de santé et, ci-dessous, un terrain de football qui a connu des jours meilleurs.

L’avenir est plus incertain. Fin 2016, Thales quitta le site (dont il était devenu locataire) pour rejoindre un nouvel établissement à quelques centaines de mètres sur la commune de Mérignac. Le devenir de cette partie du domaine Catros est donc lié à celui du site qui l’entoure. En 2019, les anciens locaux de Thales étaient en cours de démolition avec un nouveau parc d'activités à venir. Selon différentes sources, l’arboretum allait être non seulement préservé mais également ouvert au public selon la volonté de la mairie du Haillan. Seul l’avenir nous dira si cette piste se confirme !
> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux  : Arboretum de Toussaint-Yves Catros, rue Toussaint-Catros, Le Haillan. 
> Mes remerciements à Elisabeth Desplats et Edith Moreau de m'avoir invité à parcourir leurs archives familiaux, et à Yves Baillot d’Estivaux de nous avoir mis en contact ! 

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