Les douze derniers mois aux manettes d'Invisible Bordeaux ont été particulièrement riches, avec de grands moments dont quelques soiré...

Adieu 2016 : les cinq articles les plus lus de l'année

Les douze derniers mois aux manettes d'Invisible Bordeaux ont été particulièrement riches, avec de grands moments dont quelques soirées mémorables à présenter le Shuman Show, le premier spectacle "live" à découler d'un sujet couvert sur le blog, ou encore un après-midi assez irréel passé à suivre la performance inattendue du clip vidéo "Remake 2016 de Welcome Arthur" dans le classement tendances de Youtube France, où il a atteint la 13e place grâce notamment à un coup de pouce sympathique du côté du site internet de Sud Ouest ! 

Mais terminons cette année en revenant sur les cinq articles les plus consultés de l'année. Les avez-vous tous lu ? Cliquez sur les titres ou les images associées pour les découvrir ou redécouvrir !

http://lebordeauxinvisible.blogspot.fr/2016/02/bientot-une-ere-nouvelle-pour.htmll
Le laboratoire d'astrophysique est parti depuis mon passage, mais le patrimoine historique de l'observatoire de Bordeaux reste bien en place. C'est cela que j'ai pu découvrir lors de la dernière journée portes ouvertes organisée sur le site il y a quelques mois de cela. 

http://invisiblebordeaux.blogspot.fr/2016/05/could-this-be-coolest-house-in-bordeaux.html
C'est un lecteur qui m'a alerté sur la présence de cet étrange hôtel particulier dans le quartier Saint-Seurin. Me rendant sur les lieux, il était évident que la maison méritait non seulement son propre article, mais aussi le titre honorifique de "maison la plus cool de Bordeaux". À moins que vous n'en connaissiez de plus cool encore... [NB : article disponible uniquement en langue anglaise.]

http://lebordeauxinvisible.blogspot.fr/2016/05/la-nuit-des-barricades-de-mai-1968-et.html
C'est grâce à l'aide précieuse de l'équipe de archives du journal Sud Ouest que j'ai pu consulter de nombreux articles consacrés à une des nuits les plus mouvementées dans la récente histoire de la ville, en ce mois historique de mai 1968. Cet exercice passionnant m'a permis de reconstruire la chronologie des événements. Les travaux n'ont pas été en vain car ils ont formé la base d'un nouvel article publié oar Sud Ouest revenant sur ces événements vieux de 48 ans. La boucle était bouclée !

http://lebordeauxinvisible.blogspot.fr/2016/06/lalhambra-la-salle-mythique-bordelaise.html
Le fait de revenir sur l'histoire de cette salle de spectacles a rappelé à bien des Bordelais de nombreux souvenirs de formidables soirées passées ici. Ce premier article a même fait un petit, à savoir une belle collaboration avec Philippe Serra, expert incontournable de la scène musicale bordelaise, qui  a partagé diverses anecdotes sur des événements mémorables auxquels il a assisté.

http://lebordeauxinvisible.blogspot.fr/2016/01/le-best-of-des-noms-de-salons-de.html
Il fallait bien que quelqu'un se colle à la lourde tâche de faire un état des lieux des noms de salons de coiffure. Alerte rouge, car il faut être bien armé pour faire face à autant de « hair » et de « tif »... mais malgré cela (ou peut-être justement à cause de cela !) c'est bien ce dossier qui fut le plus consulté du côté d'Invisible Bordeaux en 2016 !


En avant 2017 !

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Chaque jour, des milliers de véhicules passent quai de Paludate devant le Château Descas, un édifice qui est simultanément parmi les plu...

Château Descas : le chai devenu boîte de nuit, désormais coquille vide


Chaque jour, des milliers de véhicules passent quai de Paludate devant le Château Descas, un édifice qui est simultanément parmi les plus spectaculaires et les plus mystérieux du centre-ville de Bordeaux. Une visite s'imposait !

La partie centrale, aujourd'hui vide de toute activité, est principalement connue comme le siège historique des négociants en vin Descas ; c'est le fondateur de cette grande maison, Jean Descas (1834-1895), à l'origine un tonnelier de l'Entre-Deux-Mers devenu riche négociant (ainsi que maire de sa ville d'origine, Camiran), qui y installa sa société en 1881, après une vingtaine d'années de belles réussites. La localisation, près de la gare Saint-Jean, était particulièrement stratégique et permit à Descas d'avoir un avantage concurrentiel sur ses homologues traditionnellement installés davantage au nord dans le quartier des Chartrons. De plus, alors que ces derniers se focalisaient sur l'exportation des grands crus, Descas privilégiait la distribution de petits vins en France, une raison de plus pour s'installer dans ce quartier près du réseau ferroviaire.

La propriété rachetée aux enchères par Jean Descas fut, depuis 1661, le site du premier grand centre hospitalier de la ville, Hôpital de la Manufacture, ancêtre du CHU (Centre Hospitalier Universitaire). Pendant de nombreuses années, cet établissement servit également de refuge pour enfants abandonnés. Autour de la Révolution de 1789, près de 900 enfants y étaient hébergés.

Le lieu tel qu'il était : l'Hôpital de la Manufacture dans une lithographie de Légé d'après Sewrin (vers 1830), visuel emprunté au site http://bordeauxmaritime.free.fr, fruit des travaux du regretté Hervé Guichoux.
Jean Descas fit appel à l'architecte Alphonse Ricard afin de transformer ce lieu en symbole de sa réussite de nouveau riche, d'où la façade si spectaculaire qu'on peut encore admirer aujourd'hui, riche en détails : mascarons, caryatides symbolisant Mercure et la vigne, bas-reliefs en forme de dragons, les initiales de Jean Descas au-dessus de l'entrée principale, cheminées aux motifs élaborées, de nombreux jolis petits balcons et, cerise sur le gâteau, une tour d'observation vertigineuse.

Il y a tant de détails à observer, depuis la tour d'observation aux initiales de Jean Descas ou encore le visage d'un homme qui se noie paisiblement dans des grappes de raisins.
Pendant les années Descas, le lieu était aussi impressionnant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Sur une superficie de 10 000 mètres carrés, Descas pouvait stocker jusqu'à 1,5 million de bouteilles dans un entrepôt accessible par l'arrière du bâtiment, via l'ancienne cour de l'hôpital. Un système alors ultra-moderne composé d'ascenseurs et de wagons sur rails facilitait la manutention, permettant à Descas d'être plus efficace que ses concurrents des Chartrons, dans leurs locaux plus orthodoxes.

L'entreprise et son chai fleurirent pendant près d'un siècle, avant la reprise de la société par la famille Merlaut en 1979. La société Descas déménagea alors vers un entrepôt plus moderne sur la rive droite non loin du quai de Brazza. Ce lieu est encore aujourd'hui le siège social du groupe Descas, dont l'activité comprend désormais non seulement la production et la distribution de vins mais aussi la location de locaux professionnels.

Mercure et Vigne.
Le château Descas appartient encore au groupe (les chais proprement dits furent démolis en 1984), mais pour de nombreux Bordelais il est aujourd'hui synonyme de vieux souvenirs de virées nocturnes ! Car, en 2001, le lieu fut transformé en cabaret-nightclub, le Caesar’s, fraichement délogé d'un local sur les quais dans un hangar voué à la démolition. Le Caesar's aurait souhaité devenir locataire principal mais Denis Merlaut n'adhéra pas à ce scénario. La Ville s'en mêla - le conseil municipal suivait de près le devenir de Caesar's, vraisemblablement parce que le directeur était un proche de plusieurs conseillers - et devint locataire des murs avant de sous-louer l'espace au Caesar's pendant les deux ans du bail.

Le château devint ensuite une discothèque dénommée le Rikiki Palace, et reçut de nombreux DJ vedettes dont Bob Sinclair. Le dernier chapitre en date est celui du Mystic, un restaurant-club décrit par certains comme un « lieu hanté » où l'accueil était assuré par des nains et un masque géant présentait les artistes. Le Mystic ferma ses portes en 2007.

Depuis cette époque, une bataille judiciaire oppose Descas et la ville de Bordeaux autour de travaux non-autorisés effectués dans l'immeuble (dont la destruction du troisième étage et l'ajout de structures de soutènement métalliques), constatés lors de l'état des lieux en fin de bail en 2003. Descas réclame 6 millions d'euros pour la remise en état du lieu, qui est pourtant resté ouvert pendant l'époque Rikiki Palace et Mystic.

En attendant l'issue judiciaire, le lieu est aujourd'hui une coquille vide, bien qu'entourée par deux ailes occupées par diverses sociétés, associations et même un bar, le Point Rouge, sans oublier la belle résidence pour personnes âgées construite derrière l'édifice principal. On peut voir sur GoogleEarth que ces bâtiments encadrent un magnifique square aussi verdoyant que symétrique.

La vue depuis GoogleEarth. Lors de mon prochain tour dans le quartier, je tenterai de passer par derrière et la rue... Jean Descas!
Cette vue aérienne qui date de la période entre 1950 et 1965, à découvrir sur le formidable site http://remonterletemps.ign.fr, montre clairement la localisation de l'entrepôt derrière le château.
Revenons devant le bâtiment, où l'aspect hanté du lieu est souligné par le panneau « restaurant club » toujours visible au-dessus de l'entrée principale, ainsi que par les « vitres » (sur tout le premier étage et une partie du rez-de-chaussée) qui sont en fait des panneaux de bois peints imitant le verre des fenêtres ; il s'agit de trompe l’œils !

Trompe-l’œil au rez-de-chaussée : non, ceci n'est pas une fenêtre. Et ceci n'est plus un restaurant club.
Mais tout n'est pas forcément perdu. Sur place, en regardant par une (vraie) fenêtre au rez-de-chaussée, je pus voir de la lumière et des silhouettes en pleins travaux. Espérons que la fin de la bataille juridique marquera le renouveau du château Descas !

La vue par la fenêtre (pas bien, pas bien...) vers les travaux en cours entre les colonnes de marbre.
> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Château Descas, quai de Paludate, Bordeaux
> Lors de ce reportage, j'étais accompagné par Noémie et Sarah, toutes deux étudiantes de l'école de journalisme IJBA. Merci de m'avoir suivi lors de cette matinée on ne peut plus fraîche et d'avoir réalisé ce beau reportage :
> Enfin, le Château Descas est un sujet qui m'a été suggéré par différents lecteurs, dont Byron Sharp et Karen Ransom, qui suivent le blog depuis l'Australie. J'espère que le dossier vous aura plu, Byron et Karen !  
> This article is also available in English!

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Cette structure remarquable est visible depuis une bonne partie des quais dans le centre-ville de Bordeaux. Il s'agit du pylône de ...

Le pylône de Bouliac : le trait vertical sur l'horizon bordelais

Cette structure remarquable est visible depuis une bonne partie des quais dans le centre-ville de Bordeaux. Il s'agit du pylône de Bouliac, point culminant de la Gironde et la 20e plus grande structure de France. Pourquoi le pylône se trouve-t-il là et à quoi sert-il ?

Tout d'abord, notons que la hauteur du pylône, également connu sous les noms d'antenne TDF (pour TéléDiffusion de France) ou pylône TDF, ne fait pas l'unanimité. Selon de nombreuses sources il mesurerait 252 mètres, chiffre arrondi à 250m par d'autres. Enfin, pour certains le pylône ne mesurerait que 232 mètres. Quoiqu'il en soit, si vous visualisez la Tour Eiffel, le sommet de notre antenne de Bouliac se situerait par comparaison quelque part au-dessus du point médian entre les deuxième et troisième étages.

Si le pylône de Bouliac se trouvait dans le centre de Paris, cela ressemblerait un peu à ceci.
(Source photo Tour Eiffel : Wikipedia.)
Le mât pèse 700 tonnes et est installé sur une base en béton de quelque quatre mètres d'épaisseur. Situé à une altitude de 80 mètres dans cette commune de Bouliac qui est surnommée « le balcon de Bordeaux », le sommet est ainsi le point le plus élevé de toute la Gironde. Et, comme vous l'avez sans doute deviné, le pylône sert à transmettre des signaux reçus par satellite depuis des stations radio FM, des chaînes TNT et des opérateurs de télécommunications.

Érigée à l'origine en 1957, l'antenne fut rapidement considérée comme l'un des sept principaux émetteurs TDF, aux côtés d'illustres homologues comme la Tour Eiffel (justement) et le Pic du Midi, dans les Pyrénées. Hormis une courte période de travaux en 1988 où le pylône fut remplacé, l'antenne est ainsi une silhouette incontournable de l'horizon bordelais depuis près de 60 ans. Environ 1 million de personnes bénéficient de ses signaux au quotidien, de manière directe ou par le biais d'une des six antennes relais situées à travers la Gironde (Arcachon, Bordeaux Caudéran, Langoiran-Portets, Latresne, Lesparre et Soulac).

Gros plans sur différentes parties du pylône dont les deux extrémités.
L'activité du lieu s'est diversifiée au fil du temps. En 2013, les bâtiments au pied du pylône furent transformés pour devenir le premier « datacenter » ultra-moderne de TDF (nom de code : ProxiCenter de Bordeaux Bouliac), à destination d'opérateurs de télécommunications, prestataires de services et collectivités pour le stockage hyper-sûr et sécurisé de leurs données. Les informations disponibles en ligne mettent en avant notamment une démarche de construction durable, la technologie de refroidissement des salles informatiques par utilisation de l’air extérieur (dit « free cooling »), ou encore les systèmes biométriques de reconnaissance. Parmi les autres atouts du site, retenons surtout sa situation dans dans cette zone résolument non inondable et non sismique. Donc, si vous avez également des données précieuses que vous souhaitez sauvegarder ailleurs que sur votre disque dur externe, la solution se trouve peut-être du côté de Bouliac...

Bref, la prochaine fois que vous vous baladez le long de la Garonne en admirant les quais, le Miroir d'Eau, les façades du 18e et les ponts, n'oubliez surtout pas de regarder du côté de Bouliac ou le balcon de Bordeaux, et d'observer le fameux pylône TDF !

Oui, c'est bien notre pylône que l'on aperçoit à gauche, derrière le Miroir d'Eau et le Pont de Pierre.
> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Pylône de Bouliac, route Bleue, Bouliac
> Découvrir la liste des plus hautes structures de France
> This article is also available in English!
> Et voici tout un tas d'informations mystérieuses sur ce que constitue le « ProxiCenter » :

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Félicitations à Charlotte Grandjean, gagnante du concours lancé sur les réseaux sociaux pour marquer les cinq ans d'Invisible Borde...

#InvBdx5, le concours 5e anniversaire : le résultat !


Félicitations à Charlotte Grandjean, gagnante du concours lancé sur les réseaux sociaux pour marquer les cinq ans d'Invisible Bordeaux !

Charlotte, une Danoise qui habite à Marseille, a participé au concours sur Facebook. Elle remporte ainsi un séjour de deux nuits, petits déjeuners compris, au Novotel Bordeaux Lac, ainsi que deux CityPass Bordeaux Métropole valables deux jours (déplacements illimités en transports en commun, accès aux musées, visites guidées…).

Un grand merci aux nombreuses personnes qui ont participé au concours sur Facebook, Twitter et Instagram, et une mention particulièrement spéciale aux équipes du Novotel Bordeaux Lac et de Bordeaux Tourisme et Congrès pour leur soutien. 

Quant à Charlotte, rendez-vous à Bordeaux!


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Il y a quelques semaines Conchi, une lectrice du blog, a publié un lien sur  sa page Facebook  qui pointait vers le site de l'Institu...

Nouvelle vidéo : 'Welcome Arthur' version 2016


Il y a quelques semaines Conchi, une lectrice du blog, a publié un lien sur sa page Facebook qui pointait vers le site de l'Institut National de l'Audiovisuel et un court métrage intitulé Welcome Arthur ou un Anglais à Bordeaux.

Le film propose un voyage instantané dans le temps jusqu'au Bordeaux de 1962. Et, étant donné que le personnage principal est un Anglais qui se déplace en bicyclette, Conchi m'a lancé le défi de réaliser une nouvelle version pour nos temps modernes ! Je n'avais aucun choix autre que de relever ce challenge...

Voici donc le résultat, fruit d'une matinée sympathique dans le centre-ville accompagné par mon fils et caméraman Dorian. J'espère que cette tentative de relier ces deux époques séparées par 54 ans d'histoire vous plaira !

Cliquer ici en cas de problème d'affichage.

> Visionner le clip d'origine Welcome Arthur : http://www.ina.fr/video/RBF05035779 

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Lors de la récente publication d’un dossier sur la salle de spectacle l’Alhambra , j’ai été frappé par les souvenirs partagés par de nomb...

Retour à l’Alhambra en compagnie de Philippe Serra

Lors de la récente publication d’un dossier sur la salle de spectacle l’Alhambra, j’ai été frappé par les souvenirs partagés par de nombreux Bordelais qui se remémoraient avec beaucoup de nostalgie les beaux jours de ce lieu aujourd’hui disparu.

Parmi ces grands témoins était Philippe Serra (ci-contre), l’un des illustres contributeurs au livre référence « Bordeaux Rock(s) » signé Denis Fouquet. Pour Invisible Bordeaux Philippe a gentiment accepté de partager quelques impressions d’événements ayant eu lieu dans cette salle mythique, dont certaines sont extraites d’un projet de livre de souvenirs de la période 1962-1972. Voici donc quelques instantanés qui permettront de voyager dans le temps… mais toujours au même lieu : l’Alhambra.

Octobre 1963 : Gene Vincent

« J’étais venu à ce spectacle plus par curiosité que par connaissance de l’artiste. Ce fut une bonne surprise et une découverte : énergie et pied estropié, cuir noir et fragilité perceptible d’une sensibilité à fleur de peau, et un impact scénique difficile à expliquer. On n’utilisait pas encore couramment le mot de « charisme », mais c’est bien de cela dont il s’agissait. Ayant été admirateur de Line Renaud dans mon enfance de l'après-guerre, puis amateur de jazz, je ne me suis pas passionné d’emblée pour le rock. Je suis néanmoins sorti de l’Alhambra plus nettement converti au rock’n’roll, mais avec une foi encore bien fragile ! »

Chuck Berry, relié à son Vox 30 watts.
(Crédit photo : Christian Perez)
Mars 1966 : Chuck Berry

« Un événement à ne pas rater ! Memphis Slim, Ronnie Bird, Antoine et Chuck Berry. Ce dernier m’a étonné par sa pêche et son économie de moyens, sa Gibson rouge branchée sur un simple ampli Vox de 30 watts non repris par la sono. Il faut dire que de toute façon la sono de l’Alhambra à l’époque ne devait pas être beaucoup plus puissante que le Vox de Chuck ! Les concerts de rock conservaient encore un format traditionnel du music-hall, comportant une importante première partie proposant divers artistes, avec même en ouverture de tableau des équilibristes ! Ce soir-là, pour débuter le spectacle il y eut un numéro d'antipodiste, si je m'en souviens bien… »

Novembre 1967 : Pierre Henry

« Pierre Henry, tel un DJ du prochain siècle, a installé ses magnétos, ses générateurs peut-être, ses mixeurs et ses amplis, sur un ring de boxe trônant au centre de la salle Alhambra Casino. Son attitude est simple et naturelle, tandis qu’il prépare un concert de fou. Le son sort sur dix canaux séparés, dont les groupes de haut-parleurs forment comme un cercle magique, entourant les futurs auditeurs qui seront installés sur des matelas. J’assiste, et collabore médiocrement, au dernier fignolage consistant à suspendre d’imposantes tentures, du très haut plafond jusqu’au sol, dans certains endroits des parois de ce cube, afin d’en améliorer l’acoustique. Le soir du concert, troublé par l’affluence d’un jeune public excité, c’est à peine si j’ai remarqué que le dispositif avait changé de salle. L’Alhambra théâtre, malgré sa forme oblongue, sa scène inamovible, et l’important balcon-promenade occupant les trois autres côtés, s’était certainement révélée meilleure opportunité du point de vue perfection du son, que la salle de bal où s’étaient concentrés nos efforts. 

Ce qui m’a le plus frappé, c’était le light show projeté sur le plafond, premier spectacle psychédélique auquel j’assistais. Des formes amibiennes écarlates, frangées de jaune dégradé, lançaient leurs pseudopodes ramifiés sur le fond d’un vert profond. Le concert de Pierre Henry fut pour moi une expérience étrange et captivante : l’impression d’une immersion totale dans l’art vivant de notre temps. »

Novembre 1967 : Frankenstein par le Living Théâtre

« Morceau de bravoure de l’outrageuse troupe Living Théâtre utilisant notamment un important échafaudage, qui représentait probablement l’essentiel des dix tonnes d’équipement dont parlait le leader Julian Beck dans ses interviews. L’œuvre de Mary Shelley, dans une « nouvelle version », était idéalement choisi pour offrir, en cadeau au public réceptif, l’indélébile souvenir de théâtreux hors norme. »

Novembre 1969 > Soft Machine

« L’Alhambra constituait un embryon de multiplex, avec son hall, son bar, ses foyers, et ses deux salles principales : d'un côté le casino dont l'espace, en dehors de sa modeste scène, était totalement occupé par une piste de danse, de l'autre la salle de concerts et de théâtre ; toutes deux séparées par une grande porte presque toujours fermée. Ce jour-là, elle était ouverte, permettant au public de passer librement de l'une à l'autre des deux espaces pour le « Guinch Experiment » organisé dans le cadre du festival Sigma 5. Musicalement, deux formations étaient à l'affiche, Soft Machine et le Ronnie Scott Band, l'utilisation des deux scènes permettant qu'elles se produisent simultanément. La salle de théâtre avait été débarrassée de ses sièges et son centre était encombré d'une imposante structure gonflable crée par le plasticien Jeffrey Shaw. Je n'ai pas vu grand-chose du second groupe que l'on avait placé de ce côté-là, car évidemment je n'en avais que pour les Soft Machine. Le sol y était envahi de ballons en baudruche et, en milieu de session, nous eûmes la surprise de voir apparaître un éléphant, dont la seule mission semblait être de les écraser. Cela provoqua bien sûr un beau remue-ménage ! J'aurais évidemment été moins étonné si j'avais vu ce pachyderme, emprunté à un cirque invité, promené dans les rues de Bordeaux porteur de panneaux publicitaires annonçant cette inoubliable soirée ! J'ai surtout été marqué par un intense solo de batterie de près de vingt minutes, offert par un Robert Wyatt torse nu auquel ses complices avaient laissé le champ libre. 

À gauche, le Ronnie Scott Band et l'imposante structure gonflable (archives Sigma) et, à droite, Robert Wyatt en plein solo (photo : Anne Lafosse).
C'était la première fois que je me trouvais ainsi aussi proche d'un tel musicien, au point de presque pouvoir le toucher, et bien que sachant qu'il était placé au-dessus de nous grâce à la hauteur de scène, j'ai conservé en souvenir la sensation que le public auquel j'appartenais l'entourait presque complètement, totalement fasciné ! »

Novembre 1979 > The Stranglers 

« C'était deux ans avant Golden Brown, mais on sentait que le son punk des Stranglers devenait plus harmonique. J'écoutais attentivement ce bel ensemble et je l'appréciais, mais je regardais surtout le jeu de jambes de Jean-Jacques Burnel, moins parce qu'il était le Frenchie de la bande, que parce qu'il en était le bassiste, alors que je commençais à reprendre en main le même instrument que lui. Pour les musicos bordelais, grands ou petits, venir à l’Alhambra c'était aussi, depuis longtemps, une occasion de pouvoir admirer les autres, et de leur emprunter, plus ou moins consciemment, à l'occasion quelque nouveauté dans la permanente évolution de la culture rock ! »

Le billet du concert et
sa mention "quartet".
(Collection Philippe Serra)
Avril 1981 > Larry Coryell quartet

« J'aimais bien le côté touche-à-tout du grand guitariste Larry Coryell, alors revenu à une période acoustique, je l'avais même apprécié en chanteur dans l'album The Real Great Escape, mais sur le billet d'entrée pour ce concert, le libellé « Larry Coryell quartet » me paraissait un peu énigmatique. Finalement, pour dialoguer avec Larry il y eut un autre virtuose de la six cordes, Philip Catherine, et même, si ma mémoire ne me trompe pas, une troisième guitare, celle de l'impressionnant Paco de Lucía. Que du bonheur ! L’Alhambra, digne de la référence à Grenade suggérée par son nom, a toujours eu l'art de dégoupiller les surprises ! »

Novembre 1981 > Indoor Life, Rita Mitsouko et Bernard Szajner

« Dans le cadre du festival Sigma 17, l’Alhambra proposait, sur un plan d'égalité : Indoor Life, que j'avais déjà vu à la Salle des Fêtes de Grand Parc (les artistes d'avant-garde américains aimaient bien Bordeaux à ce moment-là), du progressif new wave dominé par l'originalité d'un trombone ; Rita Mitsouko, sympathique duo dont on n'aurait toutefois jamais imaginé alors qu'un jour un de ses clips ferait un malheur à l’échelle planétaire ; et Bernard Szajner, qui avait inventé une harpe laser dont il nous fit une démonstration brillante. 

Bernard Szajner et son harpe laser. (Photographe inconnu)
Gérald Lafosse, fils du président-fondateur du festival Sigma, avait perçu, lors du concert de Pierre Henry, toutes les promesses portées par les innovations dans les jeux de lumière, et il s'était lancé aussitôt dans une carrière d'éclairagiste. Il se mit au service de Szajner, monta à Paris, et quand la harpe de celui-ci rejoignit l'équipe de Jean-Michel Jarre, Gérald fit de même. C'est ainsi qu'il organisera les si importantes atmosphères lumineuses des colossaux concerts du compositeur d'Oxygène en Chine. Un simple spectacle, offert au départ par l’Alhambra, pouvait à la fin vous mener très, très loin... »

Couverture du livret de la tournée.
(Collection Philippe Serra)
Février 1982 > artistes du label « Les Disques du Crépuscule »

« Le plateau présenté par ce label branché, sous le titre « Some of the interesting things you'll see on a long-distance flight », comprenait Winston Tong (San Francisco) chanteur de Tuxedo Moon, The Durutti Column (Manchester), Richard Jobson (Londres), Paul Haig (Edimbourg) et Antena (Paris). Parmi tous ces musiciens, celui dont je me souviens le mieux est Durutti Column, nom de groupe derrière lequel se cachait la guitare d'un seul artiste. Cela m'évoquait l'expression « chaque Anglais est une île » entendue dans mon enfance. Ce fut, je le crois, pour ma curiosité de spectateur, le dernier concert à l’Alhambra. »

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Quel est le lien entre les Jeux olympiques d'été de 1968 à Mexico et les communes girondines de Braud-et-Saint-Louis, Cestas, Lesp...

4, 3, 2, 1 ? Les piscines Tournesol de la Gironde


Quel est le lien entre les Jeux olympiques d'été de 1968 à Mexico et les communes girondines de Braud-et-Saint-Louis, Cestas, Lesparre-Médoc et Saint-Médard-en-Jalles ? Indice : cela concerne la natation. Réponse : les étonnantes piscines Tournesol !

Au départ il y avait donc la prestation décevante de l'équipe française de natation aux JO de 1968. Par conséquent, le secrétariat d'État chargé de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs lança, l'année suivante, un véritable plan d'action national. Baptisé "1000 piscines", le programme servit de cadre et de structure de soutien pour la construction de piscines à un prix abordable, avec pour objectif une plus grande accessibilité à l'apprentissage de la nage.

Au final, la France fut loin du chiffre symbolique des mille piscines, mais le plan facilita quand même  la construction de 600 à 700 structures municipales. Différents modèles de piscines furent proposés aux noms poétiques comme Plein-Ciel, Plein-Soleil, mais les véritables lauréats de cette campagne furent Caneton et, bien sûr, Tournesol. Ce dernier devint le modèle emblématique de cette stratégie des 1000 piscines et, au cours des années 1970 et du début des années 1980, 183 piscines Tournesol furent ainsi construites à travers la France.

Les piscines Tournesol de Braud-et-Saint-Louis (haut) et Cestas.
Le curieux design futuriste fut conçu par l'architecte Bernard Schoeller, en collaboration avec l'ingénieur Thémis Constantinidi pour la structure, et avec la société Matra pour le choix des matériaux. Le principe de base fut l'utilisation d'éléments préfabriqués, allant jusqu'aux systèmes de filtration ou de chauffage, les vestiaires et même les toilettes. 

Plans d'une piscine Tournesol, source : http://www.archi-wiki.org (contributeur : Lionel Grandadam).
La structure circulaire dessinée par Shoeller et Constantinidis était d'un diamètre de 35 mètres, représentant une surface de 1 000 mètres carrés au cœur de laquelle était positionné un bassin de 25 mètres de long. L'ossature de la coupole, haute de six mètres, était formée par 36 arcs métalliques. Entre chaque arc se trouvait un panneau en polyester rigide, dont un sur deux comprenait sept hublots. Plus particulièrement, deux grands segments étaient mobiles et dotés d'un système de rail permettant de les déplacer sur un rayon de 60°. Et voilà la singularité d'une piscine Tournesol : la capacité de se transformer de façon quasi-instantanée de piscine couverte en piscine extérieure (sur 120°) en sachant que, dans la plupart des cas, une zone jardin permettait aux baigneurs de se prélasser au soleil entre deux plongeons.

Gros plan sur le système de rail qui permet la transition entre piscine couverte et piscine extérieure. Photos prises à Cestas.
Suite à l'installation d'un prototype en 1972 à Nangis, à l'est de Paris, un premier modèle de série fut inauguré à Roissy-en-Brie la même année. Ces deux précurseurs n'existent plus aujourd'hui. Ce qui nous amène à la Gironde et ses quatre piscines Tournesol. Trois furent érigées en 1975 à Cestas, à Lesparre-Médoc et à Braud-et-Saint-Louis. La piscine de Saint-Médard-en-Jalles suivit en 1981. Les Tournesol girondines étaient de couleurs différentes : la coupole de Cestas était jaune, celles de Braud-et-Saint-Louis and Saint-Médard étaient bleues ciel, alors que la piscine de Lesparre était rouge ocre. Que devinrent-elles ?

Commençons par la piscine de Cestas, qui se porte merveilleusement bien. Elle se situe sur une grande plaine de sports près de l'autoroute A63, donc les nageurs se mélangent facilement aux footballeurs, rugbymen et joueurs de tennis. Si vous souhaitez tester l'installation, le ticket d'entrée n'est que d'1,60€. Le bassin de Braud-et-Saint-Louis est tout aussi opérationnel, mais de nombreuses discussions sont en cours pour que la piscine actuelle soit remplacée par un "centre aquatique" comprenant petits bassins, toboggans, etc.

Du côté de Braud-et-Saint-Louis dont l'accueil (en haut à gauche), les vestiaires préfabriquées (en haut à droite) et, en bas à droite, douches et pédiluve depuis l'extérieur face à la jonction entre les deux panneaux mobiles.
Si ce scénario se confirmait, ce serait la même situation qu'à Saint-Médard-en-Jalles où, en 2007 après 26 ans d'existence, le lieu fut transformé en espace aquatique. Le nouveau site garda néanmoins le bassin de 25 mètres de son prédécesseur.  

Saint-Médard : hier (source : l'ouvrage Saint-Médard-en-Jalles, au fil du temps) et aujourd'hui.
Terminons du côté de Lesparre, où l'air est encore imprégné de particules de polyester suite à la récente démolition de la piscine, considérée jusqu'alors comme une verrue à l'entrée de cette ville médocaine. L'activité de la piscine cessa en juin 2014, bien que le projet d'origine était de la moderniser. C'est avant l'été 2016 que vint l'annonce de la destruction de l'enceinte, et cette mission, qui coûta 70 000 euros à la commune, fut exécutée en août et septembre. Sur place j'ai pu constater qu'il ne reste aucune trace de la piscine, hormis un petit local technique, et la zone est entièrement recouverte de sable. Là-aussi, un projet de centre aquatique inter-communal prend actuellement forme. 

Lesparre : en haut à droite, l'ancienne piscine (source : www.pss-archi.eu) ; photo principale, les travaux de démolition en cours (source : www.sudouest.fr) ; en bas à droite, le même point de vue aujourd'hui.
Si vous avez lu attentivement jusque là, vous aurez compris qu'il ne reste que deux des quatre piscines Tournesol girondines, et l'une d'elles est menacée. C'est bien dommage, même s'il est évident que ces piscines rudimentaires ne semblent plus être de notre temps. Mais ce n'est pas le cas partout ailleurs : loin d'être considérées comme des verrues, de nombreuses piscines Tournesol ont été soigneusement entretenues et sont même labellisés "Patrimoine du XXe siècle". C'est notamment le cas d'une piscine à Marseille, une autre à Carros-le-Neuf, près de Nice, ou encore à Biscarrosse dans le département voisin des Landes. De plus, de nombreux Français restent très attachés à ces OVNI de l'Hexagone, comme le démontrent l'excellent site Architectures de Cartes Postales et le compte Instagram @laffairetournesol.

Laure Manaudou lors des JO de 2004,
prie qu'un jour elle pourra figurer dans
un dossier du Bordeaux Invisible
(source : lemonde.fr).
Mais la vraie question est : les Français sont-ils devenus plus doués en natation ? Quelques recherches permettent de voir que, suite à l'échec de 1968 il a fallu attendre 1984 et la médaille d'argent remportée par Frédéric Delcourt (200 mètres dos) ainsi que la médaille de bronze de Catherine Poirot (100 mètres brasse). Puis après de nouvelles années difficiles c'est Laure Manaudou qui remporta l'or en 2004 (400 mètres nage libre) suivie quatre ans plus tard par Alain Bernard (or 100 mètres nage libre). Ensuite, c'était au tour de Camille Muffat (or 400 mètres nage libre, 2012), l'équipe relais 4 x 100 mètres (or 2012), Yannick Agnel (or 200 mètres nage libre, 2012) et Florent Manaudou (or 50 mètres nage libre, 2012). Plutôt une belle réussite indirecte pour le plan d'action "1000 piscines", non ?...

  • Localiser sur la carte Invisible Bordeaux :
    • Piscine Tournesol Cestas : Chemin de Canéjan, Cestas
    • Piscine Tournesol Braud-et-Saint-Louis : 51 avenue de la République, Braud-et-Saint-Louis
    • Lesparre-Médoc : 3 avenue du Docteur Benaben, Lesparre-Médoc
    • St Médard : 116 avenue Anatole-France, Saint-Médard-en-Jalles
  • This article is also available in English!

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L'une des sorties les plus insolites proposées dans le cadre de l'édition 2016 des Journées du Patrimoine était la visite guidée ...

À l'intérieur de la Plate-forme industrielle du courrier (PIC) de Cestas

L'une des sorties les plus insolites proposées dans le cadre de l'édition 2016 des Journées du Patrimoine était la visite guidée de la PIC, ou Plate-forme industrielle du courrier, à savoir l'énorme centre de tri postal situé sur la commune de Cestas, à deux pas de l'autoroute A63 à l'ouest de Bordeaux.

Après être souvent passé en voiture devant cet imposant bâtiment, j'étais particulièrement impatient de voir à l'intérieur. Je n'étais pas le seul à m'y intéresser : en rejoignant le groupe pour la visite, l'ambiance rappelait celle décrite par Roald Dahl dans son livre Charlie et la Chocolaterie

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La couverture jaune et noire si caractéristique du livre « Bordeaux Safari » est facilement repérable dans les librairies à Bordeaux ...

Un tour dans la ville avec Bordeaux Safari pour guide

La couverture jaune et noire si caractéristique du livre « Bordeaux Safari » est facilement repérable dans les librairies à Bordeaux et aux alentours. Son éditeur, Deux Degrés, m'a récemment contacté en me demandant de parler de ce « guide jouable » sur le blog. La demande me semblait pertinente ; j’ai donc souhaité faire passer au livre un test grandeur nature en espérant obtenir des résultats intéressants. 

La promesse de Bordeaux Safari est qu'il s'agit du « guide dont vous êtes le héros ». Le lecteur devient en effet le personnage principal et le livre sert de cadre à un jeu de rôle interactif qui le promène de lieu en lieu à travers Bordeaux. Et c'est ainsi que j'enjambai mon vélo jaune tôt un dimanche matin, sans trop savoir où le guide allait m'amener.

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Lors d’un récent séjour familial dans la ville de Québec, au Canada, j’ai pu découvrir un chapitre d’histoire bordelaise aujourd’hui visi...

Fontaine de Tourny : un petit morceau de Bordeaux à Québec

Lors d’un récent séjour familial dans la ville de Québec, au Canada, j’ai pu découvrir un chapitre d’histoire bordelaise aujourd’hui visible sur l’avenue Honoré-Mercier, devant l’hôtel du parlement de la province québécoise : la fontaine de Tourny.

Ce n’est pas la première fois que la fontaine fait une apparition sur le blog, puisqu’elle fut évoquée lors de l’enquête sur le monument Léon Gambetta, point focal des allées de Tourny pendant une grande partie du 20e siècle. À cette époque, des fontaines se trouvaient aux deux extrémités des allées. Installées depuis 1857 elles furent, tout comme le monument Gambetta, victimes de la refonte totale de cet espace dans les années 1960, dont l’objectif principal fut d’y installer un parking souterrain. Jugées alors trop coûteuses en matière d’entretien, les fontaines ne revinrent jamais.

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Il y a quelques semaines, nous avons découvert le nouveau vaisseau spatial qui est désormais installé à l’ovniport d’Arès , à la pointe n...

Un nouveau vaisseau spatial pour l'ovniport d'Arès, 2e partie : rencontre avec les concepteurs de la soucoupe

Il y a quelques semaines, nous avons découvert le nouveau vaisseau spatial qui est désormais installé à l’ovniport d’Arès, à la pointe nord du Bassin d’Arcachon. J’ai ensuite eu la chance de rencontrer les auteurs de cette nouvelle attraction insolite.

Un ami a repéré l’ancien vaisseau spatial sur le parking de l’entreprise Sud-Ouest Remorques à Saint Jean-d’Illac. En me présentant à l’accueil de cette entreprise familiale d'une quarantaine d’années, j’ai alors appris que ce sont deux de ses collaborateurs, Luc Albingre et Thierry Rouzade, qui ont assuré la conception et fabrication de la nouvelle soucoupe. J’ai pris rendez-vous avec Luc et Thierry pour en savoir plus, et voici ce qui s’est dit :
Quelle était la genèse de ce projet ?

Luc : C’est Claude Richard, le père de Thierry Richard [directeur de Sud Ouest Remorques], qui est à l’origine de l’initiative. Il nous a fait la demande pour le compte de la commune d’Arès qui avait un projet de restauration de l’ancienne soucoupe, devenue très « limite » en matière de sécurité. Mais la soucoupe était vraiment trop abîmée, d’où la nécessité de repartir à zéro. On a cherché un petit moment et l’idée nous est venue de la soucoupe du film La Soupe aux Choux, qui serait ainsi un peu plus moderne que la précédente.

Thierry : Luc était lead du design de la soucoupe sur plan et j’étais responsable de la conception de l’ossature, c’est sorti de ma tête en quelque sorte !

Luc : En effet, j’ai proposé des graphiques et ensemble nous avons fait des modifications et avons avancé comme cela sur l’élaboration de la forme. Le plus dur était d’identifier les bonnes proportions par rapport aux contraintes en termes de dimensions et d’utilisation par de jeunes enfants ainsi que par des adultes ; nous n’avions pas une liberté totale sur les volumes.

Le vaisseau alors qu'il prenait forme dans l'atelier de Sud Ouest Remorques.
Il vous aura fallu 400 heures de travail, mais à quel rythme ? 

Luc : C’était très soutenu, principalement le soir et le week-end pendant plusieurs mois. C’était un projet qui n’était pas planifié et donc plutôt sur notre temps libre que sur notre temps de travail.

Le jour de l’inauguration, le 18 juin dernier, a dû être un grand moment !

Luc : Cela nous a fait très plaisir de voir M. Richard qui était assez ému face à la concrétisation du projet ; c’était son initiative et il était très engagé et réconforté de voir le vaisseau en place !

Photo principale : Luc et Thierry aux côtés de Thierry Richard et Claude Richard (ainsi que deux extra-terrestres) lors de l'inauguration officielle du vaisseau à Arès le 18 juin 2016. En haut à droite : le maire d'Arès, Jean-Guy Perrière, en plein discours.

Avez-vous quelques secrets de fabrication à partager ? 
  
Thierry : Mais tout vient de là-haut ! [rires]

Luc : Vous avez vu que nous avions la présence d’un technicien martien, un petit homme vert qui nous a souvent tenu compagnie, qui nous a confié quelques secrets mais nous n’avons pas le droit de les dévoiler pour ne pas perturber le bon fonctionnement des diverses soucoupes qui peuvent circuler ! [rires]

Mais cette soucoupe est faite de matières plus durables que la précédente, c’est bien cela ? 

Thierry : L’ossature est en acier brut, soudé avec des soudures MIG, et le tout (intérieur et extérieur) a été galvanisé à chaud à La Rochelle. Cette galvanisation à +/- 300° représente une garantie anticorrosion d’une soixantaine d’années. Une peinture spéciale a été faite à la fin ; la protection est ainsi optimale pour éviter notamment la dégradation marine, dont a été victime la première soucoupe.

Le premier OVNI, très rouillé, coule des jours tranquilles sur le parking de Sud Ouest Remorques à Saint Jean-d'Illac. 

Cette soucoupe est en place en attendant l’arrivée d’une vraie. Vous y croyez ? Thierry : Oui, j’y crois !

Luc :
J’attends qu’ils viennent me rencontrer, mais pour l’instant je n’ai pas eu la confirmation !
 
Mais le lieu de rendez-vous est bien identifié…
Luc :
Tout est prévu pour les recevoir, et ils sont très attendus par certains, nous avons vu des gens vraiment passionnés.

Merci Luc et Thierry !

Découvrez cet entretien avec Luc et Thierry en vidéo, ainsi que quelques images de l'inauguration du vaisseau à Arès :



  • Et merci à Guillaume qui m'a mis sur la piste de ce beau sujet !

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  Les lecteurs les plus fidèles se souviendront qu'en 2012 Invisible Bordeaux avait mis en avant l'un des lieux les plus curieux ...

Un nouveau vaisseau spatial pour l'ovniport d'Arès (1ère partie)

 
Les lecteurs les plus fidèles se souviendront qu'en 2012 Invisible Bordeaux avait mis en avant l'un des lieux les plus curieux de la région : l'ovniport, ou lieu d'atterrissage d'objets volants non identifiés, situé à Arès, commune paisible qui se trouve vers la pointe nord du triangle formé par le Bassin d'Arcachon.

Il y a quelque temps, je fus ô combien déçu de constater que la sculpture en forme de soucoupe volante visible lors de mon premier passage avait disparu, mais j'appris récemment qu'au mois de juin de cette année un tout nouveau vaisseau spatial avait pris sa place. Dans la deuxième partie de ce reportage, je m'entretiendrai avec les personnes (terriennes) qui conçurent et fabriquèrent ce nouvel engin et révélerai ce qu'est devenue l'ancienne soucoupe. Mais dans l'immédiat, focalisons-nous sur ce drôle de lieu : l'ovniport d'Arès.

L'histoire remonte au 15 août 1976 et l'inauguration de l'ovniport dans le cadre de la fête de l'huître de la ville. Cette idée originale fut largement couverte à l'époque par les médias internationaux (notamment aux États-Unis). À l'initiative du projet était un certain Bob Cotten, entouré d'un groupe d'Arésiens. Cet employé de l'aéroport de Mérignac, expert en électronique mais surtout passionné d'OVNI, se disait déçu par le fait qu'il n'y avait aucun lieu désigné pour accueillir ces engins extra-terrestres.

À l'intérieur de l'OVNI d'Arès.
Une pétition fut donc lancée pour la création d'un ovniport dans la commune. Séduit, le maire de l'époque, Christian Raymond, soutint l'idée et réussit, à son tour, à remporter l'adhésion du conseil municipal.

Pendant de nombreuses années, rien ne matérialisait l'ovniport, qui n'était qu'un espace dégagé qui aurait permis de recevoir une soucoupe volante d'une certaine taille. Puis, en 2006, à l'occasion d'une nouvelle édition de la fête de l'huître, la municipalité installa la stèle en photo ci-dessous. Des images de planètes et de soucoupes volantes sont gravées dans le marbre, tout comme l'engagement d'accueillir « sur notre planète les Voyageurs de l'Univers », voyageurs que « l'on attend toujours » patiemment. Ce message est d'autant plus solennel qu'il est écrit en gascon : « Que vos atendem totjorn ». 

La stèle datant de 2006.
Au mois de septembre 2010, une grande animation, « Allo Arès, ici OVNI », fut organisée à Arès afin de marquer le centenaire de l'aéronautique dans la région. À cette occasion la municipalité dévoila une sculpture en forme de soucoupe volante créé par un artiste de Baurech, petit village à 25 kilomètres au sud de Bordeaux. La soucoupe, qui semblait sortir tout droit d'un ouvrage de Jules Verne, fut particulièrement appréciée des enfants, qui aimaient à s'y installer et s'imaginer en train de voyager dans l'espace.

Malheureusement, la sculpture était peu adaptée à l'atmosphère terrestre : rouillée et devenue dangereuse, elle fut enlevée par la municipalité. C'est ainsi qu'elle fut remplacée cette année par un vaisseau spatial plus pérenne, conçu et réalisé par l'entreprise Sud-Ouest Remorques. La forme est très différente et, selon l'entreprise, « rappelle davantage La Soupe aux choux que Jules Verne ».

La soucoupe version 2010 (d'autres photos ici) et celle qui atterrit en 2016.
Un dernier retour sur Terre néanmoins afin de rappeler un élément de contexte particulier par rapport à la création de l'ovniport. En 1974, la ville d'Arès devint associée aux Pèlerins d’Arès, mouvement spirituel classé plus tard comme secte jugée dangereuse. Le fondateur du mouvement, Michel Potay, signa un livre intitulé La révélation d'Arès, inspiré par de prétendues révélations à son domicile à Arès. Ses disciples fondèrent une vingtaine d'assemblées à travers la France et partagèrent sa vision de la foi : un genre de « Chrétienté originelle » mêlant références orthodoxes aux références orientales et ésotériques.

Cela peut éventuellement expliquer pourquoi, en 1976, le maire de la commune fut si enthousiasmé par le projet quelque peu léger et excentrique de création d'un ovniport, qui allait attirer l'attention sur la ville pour des raisons très différentes. Quarante ans plus tard, nous parlons encore et toujours de ce rêve fou de Robert Cotton devenu réalité (une première mondiale reproduite depuis au Brésil et à Porto Rico), et à l'office de tourisme de la ville les cartes postales sur la thématique des OVNI et des extra-terrestres continuent à se vendre. En fait, la seule chose qui manque est la venue à Arès d'un véritable OVNI !

Découverte en vidéo du vaisseau spatial d'Arès :

> À découvrir aussi : mon entretien exclusif avec les personnes qui ont conçu et fabriqué le nouveau vaisseau spatial !
> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Ovniport d'Arès, avenue le Goéland, Arès.
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