Dans les hauteurs de la commune rive droite de Floirac se trouve l'Observatoire de Bordeaux, l'un des sites scientifiques les plus ...

Bientôt une ère nouvelle pour l'observatoire de Bordeaux à Floirac

Dans les hauteurs de la commune rive droite de Floirac se trouve l'Observatoire de Bordeaux, l'un des sites scientifiques les plus importants de la métropole... et qui s'apprête à vivre de grands changements au cours des prochains mois.

L'observatoire fut fondé en 1878 par l'astronome bordelais Georges Rayet (dont le nom fut donné à sa découverte conjointe d'un type d'étoile chaude, une étoile Wolf-Rayet) et, au fil des décennies, devint un établissement mondialement reconnu pour ses travaux dans les domaines de la mécanique céleste (calcul du trajectoire des astres) et l'astrométrie (étude de l'atmosphère terrestre). À partir des années 1970, les activités de l'observatoire se sont étendues pour comprendre la technique des ondes radioélectriques et l'étude de l'atmosphère terrestre.

À l'heure actuelle, l'observatoire est le lieu de travail des 70 chercheurs et collaborateurs du LAB, Laboratoire d’Astrophysique de Bordeaux, une unité mixte de recherche CNRS / Université de Bordeaux et composante de l'Observatoire Aquitain des Sciences de l'Univers. Parmi les travaux récents, retenons d'importantes contributions à des applications logicielles pour le programme Curiosity de la Nasa, et un rôle sur Gaia, la mission menée par l'Agence spatiale européenne visant à cartographier notre Galaxie en trois dimensions. Ces derniers jours, le journal Sud Ouest annonçait l'observation par des chercheurs de Floirac, utilisant des télescopes basés au Chili, de grains de poussière au centre d'un cercle de gaz entourant une jeune étoile, découverte qui pourrait permettre de mieux comprendre le processus de formation des systèmes planétaires, rien de moins.
L'observatoire en 1906 (carte postale trouvée par Adam Roberts d'Invisible Paris) et le même panorama aujourd'hui lors d'une journée portes ouvertes. Les coupoles, de gauche à droite : Grand-Équatorial, Table-Équatoriale, Équatorial-Photographique (derrière quelques arbres). À droite se trouve le bâtiment Rayet.
Aujourd'hui l'équipe sur place a évidemment accès à toutes les merveilles technologiques et informatiques qui forment désormais notre quotidien, mais l'observatoire possède également une collection impressionnante d'équipements anciens. Parmi ces 500 instruments figurent horloges, baromètres, chronographes, spectrographes, viseurs ou encore appareils photographiques. Dans les archives de l'établissement sont stockées plus de 4 300 photographies astronomiques remontant jusqu'en 1892, ainsi qu'une cinquantaine de clichés sur plaques de verre. Au-delà de leur valeur historique, ces images sont encore utilisées dans le cadre de recherches visant à déterminer le mouvement d'étoiles dans le temps.
La coupole Grand-Équatorial (photo du haut), le bâtiment principal, le radiotélescope Würtzberg, et une antenne particulièrement imposante.
Les 19 bâtiments de l'observatoire représentent son patrimoine le plus visible. Quelques-un sont, depuis 2009, protégés au titre des monuments historiques. Certains, dont les bâtiments Rayet, Bouguer et Rayet représentent l'environnement de travail des chercheurs. D'autres portent les noms des instruments qu'on peut y trouver : le Grand-Équatorial, le Petit-Équatorial, la Table-Équatoriale. Enfin, une structure domine l'espace : l'impressionnant radiotélescope Würtzberg, installé ici en 1962 après sa vie antérieure au services des forces Nazis sur la côte nord de la France (après la Guerre les forces françaises l'ont réquisitionné et l'ont établi d'abord à Marcoussis puis Meudon, en région parisienne).

Désormais propriété française : le radiotélescope Würtzberg.
La bibliothèque de l'observatoire comprend des ouvrages obtenus par l'établissement depuis le 19e siècle, dont des œuvres complètes ou chefs-d’œuvre d'Aristote, Copernic, Galilée, Huygens, Newton et bien d'autres. L'observatoire possède notamment un exemplaire de l'Encyclopédie raisonnée des sciences, des arts et des métiers, éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot et D’Alembert.

Mais place au changement, car au mois de septembre 2016, le LAB déménagera vers de nouveaux locaux dédiés sur le campus universitaire à Talence. Le site de Floirac sera ainsi entièrement vidé, bien qu'il est fort probable que les plus grands instruments d'observation ne bougent pas. 

Quelques-uns des anciens instruments de l'observatoire. En haut à gauche : la petite lunette équatoriale (1882); en bas à gauche : grande lunette équatoriale (1882), photos de droite : équatorial photographique (1892).
Le scénario le plus plausible pour ce site de 112 hectares, qui est aujourd'hui la propriété de l'État, semble être la reprise par Aerocampus Aquitaine, l'institut de formation en aéronautique basé à Latresne. L'ancien observatoire deviendrait alors L’Etoile by Aerocampus ou Data Space Campus, un centre de formation pour le secteur aéronautique mettant un fort accent sur les applications numériques issues du spatial. Le site accueillerait également des événements grand public ou organisés par des entreprises. Parmi d'autres projets à l'ordre du jour, notons la possibilité de transformer l'endroit en planétarium, attraction qui n'existe pas aujourd'hui dans l'agglomération de Bordeaux. Les concepteurs rêvent de proposer aux visiteurs une expérience multimédia pour voyager dans le ciel et dans le temps, ainsi que la possibilité de découvrir les instruments anciens.


Comme c'est souvent le cas sur le blog, affaire à suivre, et il se peut que lors de ma prochaine visite le lieu ne soit plus tout à fait pareil…

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