L'une des sorties les plus insolites proposées dans le cadre de l'édition 2016 des Journées du Patrimoine était la visite guidée ...

À l'intérieur de la Plate-forme industrielle du courrier (PIC) de Cestas

L'une des sorties les plus insolites proposées dans le cadre de l'édition 2016 des Journées du Patrimoine était la visite guidée de la PIC, ou Plate-forme industrielle du courrier, à savoir l'énorme centre de tri postal situé sur la commune de Cestas, à deux pas de l'autoroute A63 à l'ouest de Bordeaux.

Après être souvent passé en voiture devant cet imposant bâtiment, j'étais particulièrement impatient de voir à l'intérieur. Je n'étais pas le seul à m'y intéresser : en rejoignant le groupe pour la visite, l'ambiance rappelait celle décrite par Roald Dahl dans son livre Charlie et la Chocolaterie

Tout d'abord, prenons le temps de digérer quelques données brutes sur la PIC, qui est le centre régional de la Poste pour le tri de plis professionnels, industriels et de particuliers. L'immense bâtiment, qui représenta un investissement de 55 millions d'euros, fut livré en 2009, se situe sur un terrain de 100 000 mètres carrés et propose un environnement de travail de 31 000 mètres carrés pour ses 500 collaborateurs, qui se relaient 24 heures sur 24 du dimanche à 21h30 au samedi à 22h00.

Cette maquette présente les deux grands espaces qui composent la PIC : le courrier grand format est traité dans l'espace à gauche, le courrier classique à droite.   
La plupart du temps, environ 150 personnes sont présentes pour assurer le traitement d'environ 3 millions de plis chaque jour. Ces courriers arrivent et repartent à bord d'un des 250 poids-lourds qui y transitent au quotidien, depuis ou en partance vers l'une des treize PPDC (Plate-forme de préparation et de distribution du courrier) situées en Dordogne, en Gironde, en Lot-et-Garonne, dans les Landes ou encore dans les Pyrénées-Atlantiques, à savoir les départements qui constituaient l'Aquitaine « historique ». Ces PPDC alimentent un large réseau de PDC (Plate-forme de distribution du courrier), où les plis traités par la PIC sont rejoints par colis, magazines et quotidiens, avant d'être déposés dans nos boîtes aux lettres par le personnel de la Poste à bord de leurs vélos et mobylettes jaunes. C'est, somme toute, très simple. 

La PIC gère donc deux grandes catégories de correspondance : plis classiques et plis grand format. Le bâtiment est divisé en deux grandes halles par un mur, et chaque espace est dédié à une de ces catégories. Les appareils qui assurent les procédés de tri automatiques (du matériel haut de gamme fabriqué en France, en Allemagne, en Suède ou au Japon) sont tous dotés de noms de code. Par exemple, il y a huit MTI PF (Machine de tri industriel petit format) qui traitent chacune 40 000 plis classiques par heure avant de les orienter vers une parmi 256 séparations. Pour les plis plus conséquents, il y a deux MTI GF (Machine de tri industriel grand format), qui trient 32 000 plis par heures pour 480 séparations. Lorsque les bacs du MTI GF sont pleins, ils sont éjectés par un robot connu par le petit nom de R2D2 !

Ceci est une MTI PF...
...alors que ceci est une MTI GF.
Ces machines sont des bijoux technologiques (comme on pourrait s'y attendre dans un lieu aussi moderne) et emploient des techniques ultra-rapides de reconnaissance optique pour lire et déchiffrer adresses et codes postales. Il peut néanmoins y avoir des obstacles difficiles à surmonter pour ces machines : lorsqu'une adresse est illisible ou que la machine n'arrive pas à l'interpréter, une équipe de « vidéocodage » intervient afin de lire ou rectifier l'adresse sur écran avant de renvoyer le courrier sur son chemin. Une équipe de collaborateurs a également pour mission de trier le courrier mal acheminé (ce qui représente moins de 1 % de l'ensemble du courrier). 

Au milieu des machines à haute performance, on peut également observer bon nombre d'innovations bien plus terre à terre, comme par exemple la « palombière », un système fait-maison comprenant une plate-forme surélevée qui permet à l'employé de trier, à la main, des paquets volumineux contenant brochures et catalogues distribués par des entreprises et des acteurs de la grande distribution. 

L'équipe vidéocodage en plein travail devant un groupe de visiteurs des journées du Patrimoine !
L'innovation faite maison de la PIC de Cestas : la Palombière.
Pendant notre visite, le guide partagea quelques secrets par rapport à la vie de la PIC. Par exemple, l'une des « animations » les plus insolites est lorsque le site accueille une brigade de douaniers, ces derniers accompagnés de chiens dont la mission principale est de repérer de la drogue dissimulée dans le courrier. Il nous rappela également qu'il est formellement interdit d'envoyer du liquide par la poste, même s'il y a peu de risque que l'argent disparaisse lors de son passage à la PIC : 130 caméras de surveillance contrôlent le lieu en permanence !

Instantanés depuis la PIC.
En cette ère de communication numérique (se rappelle-t-on de la dernière fois où on a écrit une lettre ?), la découverte de la PIC fut un rappel que le courrier classique est loin d'être mort, même si la PIC enregistre une baisse de son activité de 3 % chaque année. Mais, dans l'immédiat, il ne faut pas s'attendre à voir s'arrêter le ballet constant des poids-lourds jaunes autour de la PIC de Cestas !

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