L'année 2017 touche à sa fin et l'heure est venue de faire un bilan. Pour cet exercice, la coutume est de s'appuyer sur les ...

Qui sont les lauréats des prix Invisible Bordeaux 2017 ?


L'année 2017 touche à sa fin et l'heure est venue de faire un bilan. Pour cet exercice, la coutume est de s'appuyer sur les taux de lecture afin d'établir un hit parade des articles, ou alors de faire un choix subjectif de quelques sujets que l'on souhaite revaloriser. Cette année, Invisible Bordeaux a pris le parti d'organiser sa propre cérémonie de remise de prix. Félicitations aux lauréats dans les diverses catégories, qui sont tous des dossiers méritants à découvrir ou redécouvrir !

Prix du secret le mieux gardé : le jardin des Remparts
Ni très grand, ni particulièrement spectaculaire, le jardin des Remparts est un véritable havre de paix à deux pas du marché des Capucins. Et, entre ses vestiges des remparts du 14e siècle, sa porte de chemin de ronde et son oratoire, on voyagerait presque dans le temps en franchissant les portails de ce lieu à part.


Prix du sujet le plus opaque : les fenêtres condamnées de Bordeaux
Quoi de plus opaque qu'une fenêtre condamnée ? Bordeaux en compte des centaines, peut-être même des milliers ! Mais pourquoi donc et quelles sont les caractéristiques récurrentes de ces ex-fenêtres ? Invisible Bordeaux a enquêté !


Prix du trajet le plus long : le canal de Garonne à vélo
Ce récit n'était pas celui d'un road-trip mais bien celui d'un chemin de halage-trip, entre Castets-en-Dorthe et Agen. À découvrir au fil des kilomètres : des barrages, des péniches, des arbres, des ponts, des aqueducs, différents types de fruits et légumes et, étrangement, d'énormes maquettes de monuments historiques fabriqués en allumettes. Ce dossier revient également sur un acte manqué : on n'y verra pas, mais alors pas du tout, un tableau de l'illustre maître néerlandais Rembrandt. En selle !


Prix de l’œuvre d’art le plus farfelu : la Maison aux Personnages
Une des œuvres artistiques les plus insolites du métropole bordelais est une maison comprenant différentes pièces dont chacune a été décorée et mise en scène comme si elle était habitée par un personnage imaginaire. L’œuvre est née de l'imagination des artistes russes Ilya et Emilia Kabakov et le produit fini est non seulement surprenant mais quelque peu controversé...


Prix du sujet le plus délicat : l'exposition le Juif et la France
Peu de sujets sont aussi sensibles que celui du rôle de la ville de Bordeaux pendant la Seconde Guerre Mondiale. L'un des chapitres les plus surprenants de cette triste période est la tenue d'une exposition de propagande antisémite. En découvrant le récit, nous avons l’impression d’être les témoins d’événements à peine croyables, se déroulant dans un univers parallèle non reconnaissable. De plus, le cadre est si familier et si récent que cette vérité ne peut que déranger...


Prix événementiel : retour au Domaine Catros pour les journées du Patrimoine
Au long de l'année, l'univers d'Invisible Bordeaux a principalement rencontré son public dans le cadre de nouvelles représentations du Shuman Show, le spectacle musical basé sur la vie et l’œuvre de Mort Shuman, avec de nombreux rendez-vous à Bordeaux, Mérignac, Talence, Saint-Aubin-de-Médoc et même Paris ! Mais le lauréat 2017 est un événement mis en place en collaboration avec mon employeur Thales : nous avons ainsi pu accueillir le grand public dans l'enceinte de notre ancien site du Haillan pendant les journées européennes du Patrimoine. Un grand moment de partage !


Merci de votre fidélité sur les pages d’Invisible Bordeaux, et rendez-vous en 2018 pour de nouvelles aventures !

> All the award-winning articles are also available in English!

0 commentaires:

Je me suis récemment procuré un dépliant réalisé aux alentours de 1960 et qui détaille le projet ambitieux de construction d'un pont...

Lorsque le Pont d'Aquitaine était encore le 'Nouveau Pont de Bordeaux'


Je me suis récemment procuré un dépliant réalisé aux alentours de 1960 et qui détaille le projet ambitieux de construction d'un pont suspendu au-dessus de la Garonne entre le quartier Bacalan de Bordeaux et la commune de Lormont. Le pont, connu alors sous le nom de Nouveau Pont de Bordeaux, a finalement été inauguré en 1967 et est vite devenu un site emblématique : le Pont d'Aquitaine. 

Certes, Invisible Bordeaux a déjà consacré un dossier complet au pont il y a quelques années, ainsi qu'un clip vidéo où je partage la vue panoramique depuis les pistes cyclables ! Mais qu'allais-je apprendre de plus en parcourant ce curieux dépliant attribué aux Ponts et Chaussées de la Gironde et comprenant une quantité impressionnante d'informations, de données, de cartes et de schémas, le tout reproduit à partir d'un document manuscrit ? Et, 50 ans après son inauguration, le pont était-il encore la réplique exacte de tous ces dessins techniques ?

Pour commencer, on y découvre le montage financier du projet. Le pont et le viaduc rive gauche devaient coûter 97 millions de nouveaux francs (la France venait à peine de changer de système monétaire), l'équivalent aujourd'hui de 154 millions d'euros (en se basant sur le mode de calcul prenant compte de l'inflation conçu par l'Insee). L’État allait contribuer à hauteur de deux-tiers du montant, le restant étant partagé entre le département de la Gironde et la ville de Bordeaux. En y rajoutant la bretelle d'accès rive droite, le projet franchissait la barre symbolique des 100 millions de francs.

Le dépliant recense également les quantités principales des différents matériels servant à la construction du pont. Pour n'en citer que quelques-uns de ces chiffres, retenons les 132 000 mètres cube de béton armé et ordinaire, 8 500 tonnes de béton armé, 1 900 tonnes de câbles porteurs et suspentes, ou encore 4 350 tonnes d'acier laminé pour les charpentes. Dans sa configuration initiale, la chaussée du viaduc et du pont représentait une surface totale de 25 000 mètres carrés.


Ceci fait partie des éléments qui ont sans doute évolué avec le temps : le dépliant rappelle qu'à l'origine, le pont comprenait une chaussée pour quatre files de circulation (sur une largeur totale de 14 mètres), puis deux pistes cyclables de 1,50m chacune, avec une revanche latérale de 0,40m entre ces pistes et la chaussée. À cela s'ajoutaient deux trottoirs d'1,10m. Lors du remplacement de l'intégralité de la structure de suspension du pont entre 2000 et 2005, le dispositif a été revu pour intégrer 2x3 files de circulation, occupant ainsi tout l'espace entre les pylônes. Le tablier a été élargi de chaque côté et la piste cyclable a été alignée avec les pylônes ; au niveau de ceux-ci, la piste a été déviée via des plates-formes permettant de les contourner par l'extérieur. Les trottoirs pour piétons avaient déjà été supprimés en 1980 pour permettre la création d'une cinquième voie centrale de circulation, et l'accès demeure définitivement interdit aux piétons de nos jours sur le Pont d'Aquitaine.

Cette coupe montre clairement la localisation des pistes cyclables et des trottoirs.
Cette même configuration visible sur le pont peu après son inauguration ; à noter les piétons du côté droit ! Photo reproduite ici avec l'aimable autorisation de son auteur, Jean-Claude Déranlot. Merci Jean-Claude !
Aujourd'hui les pistes cyclables (derrière le grillage rouge) contournent les pylônes par l'extérieur.
En parcourant les croquis techniques, on se rend compte que les sommets des pylônes ont dû été revus entre la conception d'origine et la construction, en voyant notamment la forme des parties horizontales qui forment le trait d'union entre les extrémités des piliers.


Chose rassurante, les calculs des ingénieurs quant à la pente du viaduc et la courbe du système de suspension semblent encore proche de la réalité !




Le tablier déborde au niveau de la piste cyclable, alors que le tout était d'abord aligné. 
Certains schémas, tels que cette coupe du massif d'ancrage rive gauche, proposent un aperçu insolite de l'installation bien que, en regardant le haut du massif, il est probable que le système ait été quelque peu renforcé au début des années 2000, voire lors des nombreuses interventions de maintenance et de réparation pendant les années 1980.


Le dépliant propose également un gros plan sur les câbles porteurs d'origine, composé chacun de 37 câbles élémentaires d'un diamètre de 78,5mm. Pour aller plus loin, chaque câble élémentaire était constitué de 208 fils d'acier de 4,7mm ! En tout, chaque câble porteur (de 48cm de hauteur et 55cm de largeur) pesait 1,15 tonne au mètre. Lors de la refonte du 21e siècle, les principaux changements ont été le diamètre des câbles individuels (72,6mm) et des fils d'acier associés (désormais 127 fils de 4,1mm), ainsi que les dimensions totales des câbles porteurs (aujourd'hui 45cm x 51cm).


À gauche : un câble porteur passant par un collier de suspente. À droite, ce même câble rejoint le massif d'ancrage, le même massif qu'on a aperçu depuis un angle différent plus haut dans l'article.
Enfin, bien que le pont lui-même n'ait pas trop changé d'aspect depuis les années 1960 (encore heureux !), l'infrastructure routière tout autour est méconnaissable. Prenons, par exemple, le modeste carrefour giratoire permettant de relier le pont à l'axe d'accès depuis Bordeaux-centre, ainsi qu'aux "futurs boulevards extérieurs" (ou "la Rocade" pour les intimes !). Au fil des années, le carrefour s'est transformé pour devenir un véritable spaghetti urbain, notamment alimenté par le trafic routier drainé par la zone commerciale, hôtelière et d'expositions du quartier du Lac.

Le plan des années 1960 et la réalité de 2017 (vue depuis Googlemaps) : le carrefour giratoire très minimaliste est un souvenir lointain.
Mais revenons à ce Pont d'Aquitaine, qui ne se porte pas si mal pour un néo-quinquagénaire ! Malgré l'arrivée d'homologues nettement plus tendances, et malgré le fait qu'il ne jouira jamais du même sentiment d'appartenance de la part des Bordelais que le Pont de Pierre, le Pont d'Aquitaine continue à dominer l'horizon au nord de la ville. Et nul ne pourra lui enlever son statut à part de portail entre la ville et les débuts de l'estuaire de la Gironde (quelques kilomètres à peine en aval), et d'ultime moyen en dur pour traverser la Garonne avant l'océan Atlantique.

 
> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Pont d'Aquitaine, Bordeaux/Lormont
> This article is also available in English!
> Merci à Frédéric Llorens pour la précision sur la suppression des trottoirs pour piétons !
> Et n'oubliez pas de découvrir le panorama depuis le haut du Pont d'Aquitaine grâce à ce clip !

0 commentaires:

Un drôle de monument accueille les visiteurs qui arrivent à Eysines depuis le Taillan : une pomme de terre géante qui semble être tombé...

Eysines, ses pommes de terre et sa zone maraîchère


Un drôle de monument accueille les visiteurs qui arrivent à Eysines depuis le Taillan : une pomme de terre géante qui semble être tombée tout droit d’un dessin d’enfant. Et, à peu de chose près, c’est précisément ce qui s’est produit puisque cette pomme de terre géante et son rond-point ont été imaginés par les membres du conseil municipal des jeunes, le tout pour matérialiser les liens particuliers entre la ville d’Eysines et ses pommes de terre.
 
Cette spécialité à part doit tout à la « vallée des Jalles » qui traverse la ville ; les jalles forment tout un réseau de ruisseaux et rivières qui s’échappent vers l’est pour rejoindre la Garonne ou l’estuaire de la Gironde. Pendant de longues années, des moulins à eau exploitèrent les courants de la jalle d’Eysines pour produire des farines vendues à des clients bordelais. Aujourd’hui, le vestige le plus important est le magnifique Moulin Blanc, devenu un restaurant et lieu de réception, le Bistrot de la Jalle.


Tout autour, les riches terres marécageuses servirent à cultiver des légumes à une telle échelle que la zone fut surnommée le « potager de Bordeaux » et le fer de lance de la production était cette pomme de terre d’Eysines dont l’âge d’or se situe à la fin du 19e siècle… période à laquelle de nombreux terrains dédiés à la culture des vignes devinrent littéralement des champs de patates suite au passage du phylloxéra (des insectes homoptères). Parmi les autres légumes cultivés localement à cette époque (et encore aujourd’hui), il y a également le « giraumon brodé galeux d’Eysines », un cousin du potiron à la peau épaisse et rugueuse, à déguster de préférence sous forme de potage. Environ 600 personnes cultivaient alors les terres et actuellement une quinzaine d’enseignes opèrent encore et toujours.


À quoi ressemble donc cette fameuse pomme de terre ? Je me suis présenté à un étalage situé au bord d’une route et me suis procuré quelques échantillons avant de suivre la recette en deux temps qui est préconisée par les experts en la matière : d’abord cuire les pommes de terre (à la vapeur ou dans une casserole d’eau bouillante) puis les faire frire dans un mélange de beurre et d’huile. Je fus d’abord surpris par la maigre épaisseur de la peau des pommes de terre, par leur fermeté et par leur couleur extrêmement pâle une fois pelées.

La première étape « cuisson » ne dura pas longtemps. Au bout d’à peine cinq minutes je sentis qu’elles n’étaient plus fermes et furent prêtes pour le transfert vers la poêle, assaisonnées au passage d’une ou deux pincées de sel et poivre. Quelques minutes plus tard, les pommes de terre étaient prêtes et, en toute honnêteté, elles étaient succulentes et fidèles à leur réputation : douces (merci au sol humide et aux eaux des jalles) et raffinées. Je comprenais mieux pourquoi la pomme de terre d’Eysines était autrefois servie à bord du paquebot de luxe Le France pour ravir ses voyageurs si exigeants. 

Moment de gloire pour les pommes de terre dans la cuisine Invisible Bordeaux : épluchez, coupez, faites bouillir puis revenir et consommez le tout avec beaucoup de plaisir !
Vous pouvez me faire confiance mais je ne suis pas le seul porte-parole de ces tubercules comestibles : la « Confrérie de la Pomme de Terre d’Eysines » fut créée il y a de nombreuses années pour prêcher la bonne parole lors d’événements culinaires à travers la France. Cette association est surtout le moteur des festivités annuelles organisées dans le cadre de la « Fête de la Patate », à savoir trois jours de concerts, de bals et d’assiettes géantes de pommes de terre sous diverses formes pour le plus grand plaisir de plusieurs centaines de participants.


La municipalité n’est pas en reste puisqu’elle cherche également à capitaliser sur ce patrimoine à part en organisant expositions et ateliers pour petits et grands, ou encore par le biais de la création d’un jardin pédagogique où les Eysinais peuvent se familiariser avec la culture des légumes.

Enfin, depuis 2005, la vallée des Jalles accueille chaque printemps une course pédestre, le « Raid des Maraîchers ». Mais nul besoin d’attendre la prochaine édition pour découvrir cette zone à part qui propose un cadre idyllique pour une balade à pied, à vélo ou un parcours de footing, le tout à moins de dix kilomètres du cœur de Bordeaux !

Découvertes au fil d'une balade dont, en bas à gauche, un type de barrage utilisé pour gérer et réguler le flux des eaux dans la zone.
> Localiser sur  la carte Invisible Bordeaux : Moulin Blanc et la zone maraîchère, Potato roundabout, Eysines.
> This article is also available in English!

0 commentaires:

Il y a quelques mois, l'équipe de Bordeaux Tourisme & Congrès m'a sollicité pour une interview destinée à paraître dans s...

'Un air de Bordeaux' : sortir des sentiers battus avec l'office de tourisme !


Il y a quelques mois, l'équipe de Bordeaux Tourisme & Congrès m'a sollicité pour une interview destinée à paraître dans son webzine Un Air de Bordeaux. Le webzine est désormais en ligne (hourra !) et devrait vite devenir un acteur incontournable dans le paysage local des sites internet.

Un air de Bordeaux vise surtout (mais pas que...) les habitants de l'agglomération de Bordeaux, afin de les encourager à découvrir et explorer toute la métropole qui les entoure. Le webzine recense ainsi parcs et musées, teste différentes sorties insolites, répertorie activités à faire avec enfants, ou liste tous types d'événements à venir (expositions, rencontres sportives, concerts, festivals, etc.).

Mon interview s'inscrit dans la collection de recommandations pour un “Super week-end” dans la rubrique Art de vivre. J'y dévoile cinq lieux pour visiter la métropole autrement comme, par exemple, le surprenant Parc Floral ou les grands espaces de la zone maraîchère d'Eysines. À noter qu'un des lieux identifiés, le musée de la CPAM à Lormont, n'est en fait ouvert qu'en semaine ! :-)

Faites donc un tour du côté d'Un air de Bordeaux et voyez jusqu'où le webzine vous guidera. Comme quoi il y a tellement de choses à découvrir à Bordeaux au-delà des quais et de la rue Sainte-Catherine ! 


Présentation vidéo ici :

4 commentaires:

Il y a quelques semaines, Invisible Bordeaux a fait équipe avec la Mémoire de Bordeaux Métropole pour s'aventurer à l'intér...

Trois choses que vous ne saviez (peut-être) pas au sujet du Pont de Pierre

Il y a quelques semaines, Invisible Bordeaux a fait équipe avec la Mémoire de Bordeaux Métropole pour s'aventurer à l'intérieur du Pont de Pierre, un des sites les plus emblématiques de la ville, à la rencontre de Laurent Rascouailles, chargé de la visite des ouvrages d'art à Bordeaux Métropole.

Notre interview vidéo a ensuite été publiée sur les réseaux sociaux par la Mémoire de Bordeaux Métropole et voici, quelques semaines après, un retour sur les secrets que Laurent nous a révélés sur le pont.

1. Le Pont de Pierre est creux
Les entrailles du Pont de Pierre !
Laurent Rascouailles : « Deux galeries permettent de traverser le pont d'une rive à l'autre. Ces galeries permettent de faire passer des canalisations d'eau dans une, alors que dans l'autre on va trouver des réseaux télécoms et électriques. Les galeries sont très basses, 1 mètre 10 de hauteur en moyenne, et sont empruntées aujourd'hui uniquement par les techniciens chargés de la surveillance du pont. En général ils traversent le pont une fois par an, pour vérifier l'état intérieur de la structure. Ils peuvent rentrer dans chaque pile, cela leur prend quand même une demi-journée pour faire une traversée. 

En août 1944, Pablo Sanchez, un guérillero espagnol, a sauvé le pont en parcourant ces galeries. Les Allemands avaient posé des explosifs dans chaque pile pour pouvoir le faire sauter. Pablo Sanchez a désamorcé tous ces explosifs ; malheureusement il a été fusillé en sortant du pont, rive gauche. Aujourd'hui il existe une plaque en son hommage sur les quais et, depuis peu, une rue qui porte son nom dans le nouveau quartier autour des Bassins à Flot. » 

2. Le pont est sous surveillance permanente
Laurent Rascouailles : « Il y a une instrumentation dans chaque pile, et dans les culées également, pour contrôler tous les mouvements du pont. Le pont vit beaucoup, donc on a un capteur de déplacement dans chaque culée et chaque pile, qui nous permet de contrôler l'enfoncement de ses piles. Ensuite, on va trouver un inclinomètre qui nous permet de savoir de quel côté penchent les piles par rapport au fleuve, si c'est plus du côté amont ou aval. Et une nivelle mécanique nous permet de contrôler les rotations transversales ou longitudinales de ses appuis. »

3. Les escaliers vers les bureaux d'octroi mènent nulle part à présent !
Stairway to nowhere.
Laurent Rascouailles: « Lorsque le chantier a démarré, c'est l'État qui finançait le projet. Mais, lorsque Napoléon abdique en 1814, le chantier est arrêté et c'est l'armateur Pierre Balguerie-Stuttenberg qui a permis de relancer la construction, en cherchant des dons, tout simplement. Monsieur Balguerie-Stuttenberg a créé la compagnie du Pont de Bordeaux, qui regroupait des négociants et des armateurs bordelais. Cette compagnie a permis de relancer la construction du pont mais, en échange, ils ont exigé un droit de péage sur 99 ans. Donc, quand le pont a ouvert le 1er mai 1822, tout le monde devait payer pour le traverser. 

Ce péage a été supprimé en août 1861, lorsque l'État rachète l'ouvrage avec la participation de la ville de Bordeaux et du département. C'était une condition : de rendre le pont gratuit pour que Bordeaux puisse s'agrandir sur la rive droite, vers la Bastide. Les bâtiments ont alors servi de bureaux d'octroi de 1861 jusqu'à l'abolition des octrois en 1927, et finalement ils ont été démolis en 1954, lorsque le pont a été élargi (il est passé d'environ 15 mètres de large à 19 mètres). Aujourd'hui, à la surface, les trottoirs sur lesquels vous marchez ont été rajoutés au moment de cet élargissement. Ces bureaux d'octroi gênaient également le passage et, donc, l'entrée sur le pont. »

Et voici l'interview vidéo (comprenant quelques belles images d'archives):

 

> Vidéo réalisée par Sandie Fabre pour la Mémoire de Bordeaux Métropole en partenariat avec Invisible Bordeaux, Bernard Avril et l'IJBA ; version d'origine disponible sur Vimeo : https://vimeo.com/228215463

0 commentaires:

Sur presque toutes les rues de Bordeaux on peut observer de fausses fenêtres ou des fenêtres condamnées qui ajoutent un côté mystérieux a...

Les fenêtres condamnées de Bordeaux

Sur presque toutes les rues de Bordeaux on peut observer de fausses fenêtres ou des fenêtres condamnées qui ajoutent un côté mystérieux aux immeubles. Quelle en est l'explication ?  

Le sujet a été brièvement évoqué lors d'un récent dossier sur le blog : dans la plupart des cas ces fenêtres ont été condamnées au cours du 19e siècle afin de payer moins d'impôt sur les fenêtres, forme de taxation qui remonte jusqu'à l'époque de l'empire romain et appliquée en France entre 1798
Rue Croix-de-Seguey.
et 1926. Ce système servait ainsi de moyen de calcul plus simple que d'avoir à mesurer la surface des biens immobiliers.

Bien que ce soit la principale raison pour laquelle tant de fenêtres ont disparu, il peut y en avoir d'autres : dans certains cas, les propriétaires peuvent avoir ajouté des motifs en forme de trompe l'œil pour donner de la cohérence et / ou de la symétrie à une façade, ou pour rythmer visuellement un espace vide et monotone. Enfin, certains ont peut-être simplement choisi de bloquer leurs fenêtres pour des raisons structurelles ou parce qu'il y avait trop de lumière du jour dans leurs pièces !

Dans de nombreux cas, des fenêtres fantômes de ce type peuvent être repérées sur des bâtiments situés à des angles de rues ; évidemment, l'exercice est plus simple et logique lorsqu'on possède deux façades. C'est le cas des immeubles en photo ci-dessous sur la rue Commandant-Arnould (également en vedette dans la photo principale de cet article) et la rue Barennes. Dans les deux cas, l'alignement des briques et l'aspect lisse laissent à supposer qu'il s'agit de fenêtres en trompe l'œil.


Les grands bâtiments en photo ci-dessous, sur les rues du Serpolet, du Chai-des-Farines et Ducau, comptent de nombreuses fenêtres fantômes. La résidence de la rue Ducau à droite se présente presque comme un jeu de Tetris en cours, les fenêtres condamnées remplaçant progressivement les vraies de bas en haut !
 

Ce charmant bâtiment, à l'angle de la rue du Hâ et de la rue des Étuves, comprend même des publicités peintes à la main (dont le nom en anglais est "ghostsigns", un sujet récurrent sur le blog Invisible Bordeaux !). À l'étage inférieur, la présence d'une fenêtre d'angle laisse supposer qu'il y a peut-être aussi eu des fenêtres similaires sur les niveaux supérieurs dans une vie antérieure.


Le scénario ci-dessous est un grand classique, en particulier lorsque les bâtiments concernés ne se situent pas en angle de rue : des rangées complètes de fenêtres manquent tout simplement à l'appel ! Ces photos ont été prises sur le cours Pasteur et la rue des Bahutiers.


Le phénomène n'est en aucun cas limité aux grands immeubles du centre-ville. Les maisons bourgeoises dans les quartiers résidentiels sont également à court de quelques fenêtres, comme on peut le voir ici rue Rochambeau, rue des Deux-Ormeaux et cours Marc-Nouaux. Dans chaque cas,  de nombreuses fenêtres (et même une grande porte en forme d'arche) ont soit disparu, soit n'ont jamais existé !


Des maisons particulières plus modestes ne sont pas en reste, comme ici sur la rue Henri-Matisse (où pas moins de trois des six fenêtres du premier étage ont été a priori condamnées) et la rue de l'Arsenal.


Pendant ce temps, à l'autre bout de l'échelle du petit monde bordelais, le château Pape-Clément, à Pessac, possède également ses propres fenêtres condamnées !


Dans certains cas, ces mystérieuses fenêtres ont été modifiées pour devenir de véritables trompe-l'œil. C'est le cas par exemple sur la rue Mandron, où les fenêtres de la rangée à gauche de l'image ci-dessous sont d'authentiques illusions d'optique, les fausses fenêtres ayant été peintes de manière convaincante pour ressembler à des vraies !
 

Ailleurs, comme ici rue Ravez, d'importants efforts ont été faits par le passé pour dissimuler et embellir les fausses fenêtres en y ajoutant des stores extérieurs. Par contre, ces stores ont connu des jours meilleurs...


Mais voici, ci-dessous, une des utilisations les plus originales d'une fenêtre fantôme, à voir sur la rue d'Arcachon. Un panneau apposé sur la fenêtre présente, de manière tout à fait appropriée, une interprétation de la "Figura en una finestra" de Salvador Dalí. La copie est signée "B. Bodin d'après Dalí".
 

À vous désormais de partir à la recherche de vos propres fenêtres fantômes et de décider pourquoi elles sont là. Et vous verrez qu'une fois que l'on commence à les repérer, on en voit dans tous les quartiers et de tous les côtés!


1 commentaires: