Vincent Bart, mon confrère blogueur et moitié des formidables Bordeaux2066 , est à l’origine de cette nouvelle aventure commune. C’est e...

Au fil de l’Eau Bourde


Vincent Bart, mon confrère blogueur et moitié des formidables Bordeaux2066, est à l’origine de cette nouvelle aventure commune. C’est en effet lui qui a eu l’idée que nous enfourchions nos vélos pour suivre une petite rivière de bout en bout. La rivière en question, c’est l’Eau Bourde, qui coule sur près de 23 kilomètres depuis sa source à Cestas avant de rejoindre la Garonne à Bègles. Titillé par ce nouveau défi, j’ai bien entendu accepté avec plaisir de reprendre la route avec Vincent.


Rendez-vous a été pris pour le samedi 1er août à Gradignan, la ville d’enfance de Vincent. De là nous pédalons vers le sud pour débusquer l’endroit où nous avions localisé la discrète source de l’Eau Bourde, non loin d’un rond-point de la Nationale 10 dans le quartier Labirade de Cestas. Après plusieurs semaines de grandes chaleurs, cette source s’avère asséchée ; nous nous contentons donc dans un premier temps d’explorer les énormes tunnels construits sous cet axe routier fréquenté. 

Un tunnel sous la Nationale 10, au niveau de la source de l’Eau Bourde.
Nous roulons ensuite au bord d’une route au tracé parallèle à celui de l’Eau Bourde, sans pouvoir nous approcher de la rivière avant le centre de Cestas, où grâce à des jonctions d’autres affluents, nous sommes enfin gratifiés du joli spectacle de l’eau qui coule. Spectacle de courte durée, malheureusement : la rivière se soustrait très vite à nos regards en longeant des propriétés privées. Mais un peu plus loin, toujours à Cestas, nous parvenons à retrouver une petite rue qui suit l’Eau Bourde, dans un cadre si bucolique que nous en oublions presque l’autoroute A63 pourtant située à peine quelques mètres plus loin !

Après un passage tout en souplesse de Cestas à Canéjan, nous profitons d’un tronçon de notre périple qui se révélera avec le recul sans doute le plus joli et le plus agréable. Les seules autres personnes que nous croisons sur notre chemin promènent leur chien, pêchent ou font comme nous un tour à vélo. Parmi les attractions les plus remarquables du coin, on note un pont en bord de rivière dont l’usage nous échappe, une petite étendue de sable mystérieusement baptisée « Plage Denis », et une vue inattendue et imprenable sur les vignobles du Château de Rouillac, qui produit du vin sous l’appellation Pessac-Léognan.

Le tronçon canéjanais est celui où la rivière est la plus belle.
Nous nous rapprochons dangereusement de Gradignan, à la grande excitation de Vincent. Non content d’égrener des souvenirs d’enfance de promenades à vélo sur les mêmes chemins que nous empruntons aujourd’hui, celui-ci m’explique que l’Eau Bourde est une immense source de fierté pour la ville. Au fil des années un travail considérable a été effectué pour embellir ses rives et les rendre accessibles aux marcheurs et aux cyclistes. Les parties des bords qui n’ont pas encore été réaménagées sont susceptibles de bénéficier du même traitement dans les années à venir : le conseil municipal fait peu à peu l’acquisition des terres qui donnent sur la rivière.

En attendant, je ne tarde pas à me rendre compte que suivre l’Eau Bourde à Gradignan permet aussi d’avoir un bel aperçu du patrimoine municipal. Nous passons ainsi devant le vieux Moulin de Montgaillard ; le majestueux Prieuré de Cayac, étape légendaire pour les pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle ; la médiathèque récemment construite, le Théâtre des Quatre Saisons ; le charmant Parc Animalier René Canivenc, plus connu sous le nom de Parc du Moulineau; et enfin le bien nommé Parc de la Tannerie, qui abritait autrefois… une grande tannerie. 

TL’élégant Moulin de Montgaillard à Gradignan.
Pour quitter Gradignan, il nous faut traverser la rocade. Tout en essayant de retrouver l’endroit où l’Eau Bourde a été redirigée au-dessous des six voies de trafic, nous nous amusons à faire des grands signes aux automobilistes bloqués dans les embouteillages estivaux. Pour notre plus grand plaisir beaucoup nous rendent la pareille avec enthousiasme, sans se douter qu’ils deviennent ainsi figurants d’une vidéo YouTube qui sera visible dans le monde entier !

Oui, cette aventure est également disponible sous forme d’une réjouissante vidéo Youtube, que vous pouvez voir ici :


Nous voici désormais à Villenave d’Ornon, où l’aspect bucolique des sentiers du bord de l’Eau Bourde disparaît complètement. Les compétences de Vincent en lecture de carte sont mises à contribution et nous finissons par retrouver la rivière qui coule sous une rue quelconque. Nous nous efforçons de rester parallèles à l’eau ; ce faisant nous tombons sur un étal de légumes situé en bordure des terres des maraîchers du cru, la famille Martineau. 

Les belles cultures de légumes de la famille Martineau (à retrouver sur le marché de Gradignan le samedi matin).
La production de légumes dépendant d’un accès aisé à l’eau, nous nous demandons si la rivière poursuit son cours près des terres Martineau. Après un brin de causette nous voilà conviés à une visite guidée des lieux, pendant laquelle M. Martineau nous explique qu’avec le temps l’Eau Bourde a été détournée de son cours initial, et qu’elle s’écoule désormais un peu plus loin. Nous le remercions pour sa disponibilité en achetant quelques excellentes tomates à Madame.

De là nous arpentons ce qui est à n’en pas douter la partie la moins attrayante du tracé de l’Eau Bourde, confinée entre de hauts murs de béton et par endroits également surplombée de poutres elles aussi en béton dont on a l’impression qu’elles pourront être un jour utilisées pour cacher entièrement la rivière. Mais alors que Villenave d’Ornon devient Bègles, nous profitons de nouveau de l’eau sans obstruction avant qu’un haut grillage nous barre le passage : l’Eau Bourde s’engouffre sous la voie ferrée Bordeaux-Toulouse. Notre arrivée coïncide justement avec celle du train. A l’aide d’une application pour ferrovipathes endurcis, Vincent est rapidement en mesure d’annoncer que nous avons croisé la route du train numéro 866835 en direction d’Agen, six minutes avant son arrêt à Beautiran.

Enfermée de béton de toutes parts à Villenave d’Ornon.
Réjouis par cette information, nous n’avons d’autre choix que de faire un détour par le parc voisin de Mussonville, où nous suivons de nouveau l’Eau Bourde à distance – distance courte et frustrante ! A ce stade cette dernière s’est divisée en deux esteys (« ruisseaux » en gascon): l’estey Sainte-Croix et l’estey de Franc. Nous longeons « Bègles Plage », en bordure de lac, et tentons de localiser l’endroit où l’eau est à nouveau déviée sous la rocade. Nous retrouvons finalement l’estey de Franc au beau milieu de la zone industrielle de Tartifume, non loin du centre commercial des Rives d’Arcins ainsi que des Ateliers Louis Blériot récemment visités par Invisible Bordeaux, entre le charmant port de plaisance de Bègles et l’usine de traitement des déchets Astria, elle un tantinet moins charmante.

Là où l’Eau Bourde se jette dans la Garonne (et l’usine de traitement des déchets).
Nous voici désormais au bout de notre chemin, et de celui suivi par l’Eau Bourde au fil de ses pérégrinations dans Cestas, Canéjan, Gradignan, Villenave d’Ornon et Bègles : un voyage aux paysages et aux ambiances pour le moins contrastées. Mission accomplie : nous profitons en guise de récompense d’une vue majestueuse sur la Garonne à marée basse, et du spectacle étonnamment séduisant des rives boueuses de cette rivière que nous venons de côtoyer dans tous ses états.  

Farewell Eau Bourde.

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