Des centaines de masques sculptés, ou « mascarons » (de l'italien « mascherone »), sont à découvrir sur les façades des bâtiments d...

Nouvelle vidéo : les mascarons de la Place de la Bourse

Des centaines de masques sculptés, ou « mascarons » (de l'italien « mascherone »), sont à découvrir sur les façades des bâtiments de Bordeaux. Sur les immeubles 18e de la Place de la Bourse, il y a 86 à repérer, dont 55 autour de la place et les autres sur les façades côté Garonne de ces mêmes bâtiments.

Chacun d'entre eux semble avoir sa propre personnalité unique, et tous les mascarons de la Place de la Bourse figurent dans ce court clip! Entre dieux et créature mythologiques, symboles du commerce triangulaire ou personnalités locales, les visages sont d'une grande variété. 

Bon visionnage et n'oubliez pas d'aller les admirer vous-même à l'occasion !

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Un blog comme le Bordeaux Invisible est, en substance, une compilation linéaire de contenus avec des articles empilés par ordre chronologique, et par conséquent un traitement de faveur aux nouveaux dossiers, affichés en page d'accueil.

Mais n'oubliez pas qu'il existe une autre façon de parcourir les sujets : en consultant la carte Invisible Bordeaux ! La carte répertorie littéralement des centaines de points d'intérêt aux alentours de Bordeaux (ainsi qu'un au Québec), et chaque repère est illustré d'une photo, comprend une brève description et un lien vers le billet de blog associé.

Donc, lancez-vous et localisez tous ces sujets ! Accédez à la carte Invisible Bordeaux en cliquant ici, ou si vous visualisez cette page dans un navigateur standard, la carte devrait également paraître comme par magie dans une fenêtre ci-dessous. Bon voyage !

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L’histoire de Bordeaux pendant l’Occupation demeure particulièrement opaque. La ville fut néanmoins le théâtre de nombreux événements, ...

Le Juif et la France : retour sur la halte bordelaise de cette exposition antisémite

L’histoire de Bordeaux pendant l’Occupation demeure particulièrement opaque. La ville fut néanmoins le théâtre de nombreux événements, dont certains hautement stratégiques, d’autres dramatiques, mais d’autres pleins d’espoir. Avec le recul de quelques années, certains chapitres laissent un goût amer. C’est le cas de l’organisation à Bordeaux sur une durée de six semaines de l’exposition « Le Juif et la France ».

Devant le palais Berlitz à Paris,
source photo : www.cndp.fr
Rappel du contexte si besoin : fin 1940, le régime de Vichy déploie une politique visant à exclure les Juifs de tout rôle dans la société française. Ils sont alors rejetés de leurs postes quel que soit le secteur : fonction publique, éducation nationale, presse, industrie du cinéma… Cette politique doit ainsi faciliter la mise en place des plans radicaux conçus par les Nazis visant la déportation et l’extermination des Juifs, avec pour objectif la solution dite « finale ». 

Afin d'obtenir un large soutien public parmi la population non juive française, le régime a recouru à diverses campagnes de propagande qui stigmatisaient les Juifs. Parmi ces initiatives, notre attention porte aujourd’hui sur l'exposition Le Juif et la France qui a d’abord eu lieu au Palais Berlitz sur les boulevards de Paris du 5 septembre 1941 au 15 janvier 1942. L'exposition était organisée par l'IEQJ, l'Institut d'Études des Questions Juives, un organisme financé par l'ambassade d'Allemagne en France et supervisé par la sécurité nazie et les services de propagande.

L'exposition cherchait à mettre en évidence la place forte que les Juifs occupaient au sein des institutions et des secteurs économiques dans toute la France. De plus, pour aider les citoyens à mieux reconnaître l'« ennemi », l'exposition fournissait un véritable guide pour débutants sur les caractéristiques physiques des Juifs. Elle dépassa aussi ces stéréotypes pour pointer du doigt différents personnages emblématiques, tous exposés sur de grands panneaux, tels que le vendeur de meubles Wolff Lévitan, le journaliste de radio Jean-Michel Grunebaum, le dramaturge Henri Bernstein et le politicien Léon Blum.

Quelques-uns des panneaux de l'exposition à Paris, sources images :
aufildelhistoire.u.a.f.unblog.fr, parisenimages.fr et voir-et-transmettre.fr
Les chiffres de fréquentation pour les quatre mois à Paris varient énormément ; les estimations vont de 155 000 à 500 000 visiteurs ! Mais il est généralement admis qu'après le succès initial, l'intérêt s'est ralenti auprès d’une population méfiante. Le moment était venu pour l'exposition de se déplacer vers les provinces et le plan était de l'organiser dans dix autres villes à travers la France. En fin de compte, seules deux villes l'accueillirent : Nancy et Bordeaux.

Fait significatif, l'événement de Bordeaux eut lieu dans un bâtiment situé dans les jardins de l’Hôtel de Ville, qui abrite désormais le Musée des Beaux-Arts. Cette manifestation était d’ailleurs dans la lignée d’une autre organisée au même endroit en mai 1941, à savoir l’exposition intitulée « L'Allemagne de nos jours », destinée à sensibiliser la population locale à la culture et l'industrie allemandes. Sa pièce maîtresse ? Un buste d'Adolf Hitler entouré d'un massif d’hortensias…

L'étape bordelaise de l'exposition Le Juif et la France a ouvert le 28 mars 1942 et a duré six semaines jusqu'à sa fermeture le 11 mai (l'événement de Nancy s'est étendu plus tard du 4 juillet au 2 août). Encore une fois, il est difficile d'établir des chiffres de fréquentation fiables, mais plus de 60 000 personnes ont vraisemblablement vu l'exposition à Bordeaux, y compris les élèves de toutes les écoles locales. La publication officielle de l'IEQJ, Le Cahier Jaune, s’est empressée de saluer ce succès, rappelant que cela représentait 20 % des 300 000 habitants de Bordeaux et de ses environs.

Outre les présentations statiques, un cinéma de fortune a été mis en place sous barnum dans les jardins de l'hôtel de ville avec des films dont "Le Péril Juif" et "Les Corrupteurs", et pas moins de trois conférences ont eu lieu chaque semaine.

Le « cinéma permanent » et le même panorama aujourd'hui.
L'entrée de l'exposition (tout comme sur la photo en haut de cette page) et le même lieu en 2017.
Le journal local La Petite Gironde (en phase avec l’Occupant) rapportait alors que « quarante jours auront suffi pour que nos concitoyens se rendent compte du péril juif. Un vieil usage veut que, dans toute enquête criminelle, l’on recherche la femme. Désormais, nous savons que dans les causes de toutes misères, faillites, catastrophes financières, scandales ou guerres, nous devons rechercher les Juifs. » Était-ce le message retenu par les Bordelais ? Impossible aujourd’hui de le savoir, mais l'exposition a incontestablement contribué au climat qui a finalement amené des centaines de Juifs de Bordeaux à être arrêtés et déportés au cours des mois suivants.

Gros plan sur l'image utilisée sur les affiches
de l'exposition. Source : http://paril.crdp.ac-caen.fr
Que peut-on dire de l'implication des autorités locales ? Selon les auteurs de la biographie incontournable du maire de Bordeaux de l'époque, Adrien Marquet (voir note de bas de page), le fait même que la mairie ait accueilli l'événement démontre qu’elle était prête à soutenir cet effort de propagande. Le livre souligne que Marquet (dont l'héritage très contrasté a longtemps été désigné comme un futur sujet d’investigation Invisible Bordeaux) « ne s’est en rien opposé à l’opération », bien qu’il ait fait profil bas lors des manifestations associées, par exemple en envoyant son adjoint Robert Poplawski à la cérémonie d’inauguration à sa place, « comme par prudence ».

Dans ce cas, comme si souvent lorsqu’on revient sur ces tristes épisodes de temps de guerre, nous avons l’impression d’être les témoins d’événements à peine croyables, se déroulant dans un univers parallèle non reconnaissable. Pourtant, le cadre est si familier et si récent que cette vérité ne peut que nous déranger ; aujourd’hui plus que jamais, nous avons tous besoin de cette piqûre de rappel par rapport à notre passé. 

Reportage « Actualités Mondiales » sur l'exposition à Paris :
> La biographie incontournable d'Adrien Marquet mentionnée ci-dessus est Adrien Marquet, les dérives d'une ambition des auteurs Hubert Bonin, Bernard Lachaise et Françoise Taliano Des Garets.
> Aller plus loin :  
- https://www.histoire-image.org/etudes/exposition-juif-france-paris 
- http://www.gauchemip.org/spip.php?article8812 
- http://rue89bordeaux.com/2015/05/13-mai-44-dernier-convoi-bordeaux-auschwitz/
> Les photos de l'événement bordelais sont tirées d'un reportage publiée dans Le Cahier Jaune, la revue de IEQJ, archivée par le Centre de documentation juive contemporaine (un extrait de ce reportage figure notamment dans Adrien Marquet, les dérives d'une ambition). 
> This article is also available in English. 

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